Cette première réunion participative est finalement organisée à l’intérieur du gymnase Jean Zay pour pouvoir accueillir plus de 200 personnes. Au programme, un mot de la maire Anne Vignot, des précisions de son équipe épaulée par Territoire 25 et Res Publica, co-pilotes du projet, avant d’entamer des échanges « dans le respect mutuel ». Une consigne loin d’être respectée au fil de la soirée. À quelques minutes du lancement pourtant, l’ambiance est bon enfant à l’entrée, où se mêlent membres de l’équipe municipale et opposants au projet distribuant des tracts. On retrouve l’antenne locale d’Alternatiba, Les Soulèvements de la Terre, ANV Cop-21 et l’association des Jardins des Vaîtes. Partenaires sur certains sujets, la mairie verte affronte ces associations depuis des années sur ce projet d’éco-quartier. De quoi déstabiliser plus d’un bisontin non averti.
Refus total d’une frange déterminée
Les habitants et associations n’ont, pour une partie, pas changé d’avis sur l’écoquartier des Vaîtes : le refus total du projet « en accord avec les retours de la première conférence citoyenne », précise une participante. Depuis, le projet a été revisité, relancé le 6 novembre 2024, mais suscite toujours la même fronde. Dans son discours de présentation, Anne Vignot pèse chaque mot, parle « d’environnement naturel », « végétalisé et paysagé » où la nature « aura toute sa place ». La maire rappelle les besoins urgents de logements, la « régularisation » des jardiniers sur une surface plus petite même si une majeure partie conserve le même lieu d’exploitation, permettant à de nouvelles mains vertes de s’installer… Rien n’y fait chez les contestataires. Les quelques secondes d’applaudissements sont rapidement supplantées par les huées.
« Vous êtes une menteuse ! », hurle un participant en se levant de son siège. « Les jardiniers installés payaient déjà un droit et étaient là depuis bien longtemps ! […] Quand on voit votre projet passé de 1200 logements à 600 on a envie de vous dire « encore un petit effort, allez », pas de bétonisation ! » Nouveaux applaudissements nourris de la salle. Pas question pour la maire de perdre le fil : « c’est une soirée d’échanges où l’on s’écoute. Ce n’est pas à celui qui hurle le plus fort ! », répond Anne Vignot. « D’accord, moi je m’en vais ! », enchaîne l’opposant. Un impossible débat débute.
« Les Vaîtes ont leurs oiseaux, la mairie a ses blaireaux »
La tension monte encore d’un cran lorsque, armés d’une banderole « Les Vaîtes laissent toujours pas Béton », une vingtaine de manifestants prend place pour développer ses arguments. « Ce que veut la mairie pour les Vaîtes, c’est un plan massif d’expulsion de jardiniers. Quand on parle de femmes et d’hommes ou du vivant, on se doit de les respecter ! », lâche Claire Arnoux, ex-membre de La France Insoumise, tenant une pancarte à destination de la municipalité : « Les Vaîtes ont leurs oiseaux, la mairie a ses blaireaux ». Les réponses apportées ce mercredi soir par la municipalité et ses partenaires n’ont pas semblé convaincre. « En discutant en dehors du temps d’échanges, une fois que les participants sont libérés de cette partie d’opposants, on sent que les avis évoluent sur la question et que tout le monde peut s’emparer du dossier pour le faire évoluer avec des propositions concrètes », assure Anne Vignot. La mairie prévoit deux autres réunions de ce type au cours des mois prochains. La première sur le fonctionnement du site, les loisirs et espaces verts. La seconde, plus déterminante, sur le foncier bâti utilisé. « Comment faire quand le projet est déjà ficelé ? », conteste une manifestante. « C’est ça la démocratie ?! ». Le projet est « toujours ouvert » assure la maire, « nous avons juste déterminé et entériné le zonage en suivant les recommandations finales de la conférence citoyenne », Anne Vignot veut voir des avancées dans les débats, malgré une première rencontre vécue par beaucoup comme un échec déjà envisagé en amont : « c’est une minorité de personnes mais la maire veut encore échanger avec eux… c’est louable mais peine perdue », glisse un élu de la majorité, s’appuyant sur les premières rencontres effectuées avec des jardiniers. Une quarantaine a déjà été rencontrée (sur 80). « Je peux dès à présent dire que l’accueil est plutôt favorable et nous encourage dans notre démarche de régularisation » assure Anne Vignot, gardant l’espoir de rallier à son projet « tous les défenseurs du vivant ».
M.S