Quel est le bon taux ?
Les deux. Il y a d’une part le taux de chômage au sens du Bureau International du Travail (BIT). Il estime la part d’actifs sans emploi, en recherche active et disponibles immédiatement sur le marché du travail. D’autre part, le nombre de demandeurs d’emploi en fin de mois (DEFM) de catégorie A inscrits à Pôle emploi. Ces demandeurs d’emploi sont sans emploi au cours du mois considéré et tenus d’effectuer des actes positifs de recherche d’emploi.
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué
Le taux de chômage ne concerne pas forcément la même population. Au sens du BIT, certaines personnes inscrites en catégorie A ne sont pas considérées au chômage, dès lors qu’elles n’ont pas effectué de démarche active de recherche d’emploi. A contrario, des chômeurs au sens du BIT ne s’inscrivent pas à Pôle emploi pour trouver un travail et n’apparaissent donc pas dans les statistiques nationales.
Au-delà, les demandeurs d’emploi enregistrés à Pôle emploi peuvent apparaître ou non dans les chiffres selon les changements de règles dans le suivi ou l’indemnisation des personnes. Enfin, les données collectées par l’INSEE, issues de l’enquête emploi en continu présentent une stabilité d’un trimestre à l’autre mais ne sont pas exhaustives, reposant sur un échantillon de population.
En Bourgogne Franche-Comté, les deux approches sont cohérentes depuis 20 ans
L’INSEE observe toutefois quelques nuances. Les deux taux augmentent de façon similaire en lien avec le ralentissement de la croissance entre 2001 et 2005. Les deux indicateurs baissent entre 2005 et 2008 mais la crise économique de 2008 va affecter plus durablement l’emploi en Bourgogne Franche-Comté, chômage BIT et Pôle emploi augmentant conjointement jusqu’à atteindre 9,3% en 2015, son plus haut niveau avec 137 000 personnes inscrites à Pôle emploi dans la région.
Le durcissement à compter de fin 2021, des conditions d’ouverture des droits au chômage, le renforcement des contrôles et l’augmentation des radiations ont contribué à faire baisser plus fortement le nombre de demandeurs d’emploi catégorie A au sens de Pôle emploi.
Les seniors et les jeunes en dehors des radars
Entre 2008 et 2015, en Bourgogne Franche-Comté, le nombre de demandeurs d’emploi seniors a fortement augmenté. La dispense de recherche d’emploi (2009 à 2012) et les réformes successives de recul de l’âge de la retraite ont maintenu dans les fichiers des seniors. Leur nombre s’est stabilisé jusqu’en 2020 avant de chuter brusquement, probablement en lien avec l’essor des activités réduites.
Quant aux jeunes, beaucoup ne s’inscrivent pas systématiquement à Pôle emploi dans la mesure où ils ne sont pas indemnisés. Le taux de chômage au sens du BIT traduit donc mieux la situation réelle des jeunes de moins de 25 ans.
Ceux qui peuvent travailler sont les demandeurs les plus nombreux
La tranche d’âge 25-49 ans reste la plus nombreuse. Elle diminue de manière plus importante dans la région, particulièrement sur une période longue (2000-2022). Les deux indicateurs suivent une tendance similaire à la baisse, de l’ordre de 2,7 points.
Notre système administratif est très performant en matière de constats et de diagnostics. Concrètement, cela ne se traduit pas en actions efficaces pour résorber le chômage structurel. Ce n’est donc pas en régularisant des travailleurs étrangers sans papiers que l’on donnera du travail aux Français inscrits à Pôle emploi (quelles que soient leurs origines).