Le Dossier. L’OTAN s’entraîne à Valdahon

Le Centre de Formation à l’Appui Aérien (CFAA) de la base aérienne 133 de Nancy-Ochey organise un exercice grandeur nature du 21 juillet au 1er août 2025 sur le camp de Valdahon et son environnement. Le 22 juillet, le commandant du centre de formation de Nancy a expliqué avec forces détails les objectifs de la formation.

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Le Lieutenant-Colonel Alexandre, commandant le Centre de Formation à l'Appui Aérien (CFAA) aux côtés d'un des 25 stagiaires
Le Lieutenant-Colonel Alexandre, commandant le Centre de Formation à l'Appui Aérien (CFAA) aux côtés d'un des 25 stagiaires de la promotion en exercices au camp de Valdahon ©YQ

Les armées françaises (Terre-Air-Mer) disposent de 250 personnels, officiers et sous-officiers chargés du contrôle aérien avancé, à l’acronyme anglo-saxon JTAC (Joint Terminal Attack Controller). Chaque année, 75 stagiaires passent par le Centre de Formation à l’Appui Aérien, en trois promotions de 25 stagiaires.


250 JTAC

Unique en son genre, le Centre de Formation à l’Appui Aérien est une unité de l’armée de l’Air et de l’Espace implanté sur la base aérienne 133 de Nancy-Ochey. Il regroupe, outre des personnels des trois armées françaises, des soldats de l’armée allemande, la Bundeswehr. Les procédures enseignées répondent strictement aux standards de l’OTAN.

Objectifs de l’exercice

Le Centre de Formation d’Appui Aérien est basé à la BA 133 de Nancy-Ochy. Après 3 semaines de formation académique, les JTAC se forment sur le terrain comme cette fin juillet à Valdahon ©photo d’illustration BA 133

Pendant deux semaines, il réunit des avions de chasse, des hélicoptères et une centaine de militaires français et allemands, à partir d’un poste de commandement de campagne installé sur les hauteurs du camp de Valdahon.

Après trois premières semaines de formation académique à Nancy, les futurs contrôleurs aériens avancés et le personnel au sol dédié à l’appui aérien, suivent deux semaines de formation de terrain, dans un environnement en milieu contesté. Là où les réseaux et les systèmes numériques peuvent être défaillants, où l’usage des échanges radios classiques ou le GPS deviennent difficiles et quand la menace aérienne est particulièrement élevée, les JTAC, infiltrés sur le terrain, ont pour mission de donner au commandement général les meilleures options d’attaques ou de défense, en étant au plus près des objectifs ciblés.

Des personnels d’expertise globale

Impressionnant Rafale passant à très basse altitude devant le centre de commandement des contrôleurs aériens avancés. On comprend mieux l’état de sidération d’ennemis face à ce bijou de technologie au bruit assourdissant ©YQ

Parfaitement bilingues anglais, ces spécialistes « touche à tout » sont capables de proposer la bonne munition pour la bonne cible (quelle bombe dirigée depuis un Rafale ou un Mirage, quel obus tiré depuis un canon Cesar, voire même quel effet de sidération produire à un ennemi par le seul passage à très basse altitude d’un duo de Rafale, sans tirer une seule munition…). Ils agissent ainsi comme l’œil du commandement au plus proche du théâtre de combat, permettant de choisir à chaque fois la meilleure option pour réussir l’opération. Au terme des huit semaines de leur formation, les JTAC réussissent l’habilitation OTAN à 88%.

Une armée 5.0 qui n’oublie pas cartes et boussoles

Les JTAC sont l’œil du commandement général, chargés de proposer la meilleure option de combat ou de défense, au plus près des théâtres d’opération ©CFAA

Le Lieutenant-Colonel Alexandre dirige l’exercice de terrain à Valdahon. Il est aussi le commandant du Centre de Formation à l’Appui Aérien (CFAA). Pilote de chasse sur Mirage 2000, il connaît le terrain pour avoir participé aux Opérations Extérieures notamment en Afghanistan et en Libye. Ce pilote de chasse aguerri aux technologies les plus récentes, n’oublie pas d’enseigner à ses stagiaires les fondamentaux comme la lecture d’une carte papier ou l’utilisation d’une boussole.

La guerre n’est pas simplement affaire de robots et de destructions massives

L’armée française suit le précepte du Maréchal de Vauban « Il s’agit d’épargner les hommes autant que de garantir le succès des batailles. La conservation du sang de l’un de nos soldats devrait être plus considérable que la perte de mille de ses ennemis ». C’est bien le travail des JTAC que d’optimiser les moyens sans pour autant détruire trop de vies.

Billet d’humeur : « Pour être craint, il faut être puissant »

Le propos d’Emmanuel Macron, dans son message aux forces armées le 13 juillet 2025, résonne étrangement 7 ans après avoir poussé le général Pierre de Villiers à la démission alors que le chef d’État-Major des Armées (CEMA) réclamait plus de moyens au Président de la République. Celui-ci annonce désormais 3,5 milliards d’euros de dépenses supplémentaires pour la défense en 2026 et encore 3 milliards de plus en 2027. En découvrant le travail de dentelle des JTAC, on comprend que l’armée française est composée de soldats expérimentés, à la pointe des technologies mais aussi des femmes et des hommes qui ont fait de la défense de la patrie leur mantra. Pour les rendre encore plus puissants, il faut leur en donner les moyens.

Yves Quemeneur