Cette 60ème édition avait commencé dans la houle. Les propos du Président de la République avaient gâché la journée d’ouverture. Mais la Ferme de France a tenu ses promesses et particulièrement les agriculteurs de Franche-Comté.
Le poulet ukrainien versus la volaille de Bresse et le poulet d’Uzel
Marc Fesneau, actuel ministre de l’agriculture, « ne voulait pas envoyer de signaux hostiles à l’Ukraine ». Plus récemment (1er février 2024) le Président de la République affirmait que l’Europe n’avait pas vocation à enrichir le « roi du poulet ukrainien ». L’augmentation des importations en Europe de poulet ukrainien a profité essentiellement à Yuriy Kosyuk, cet oligarque qui dirige une multinationale de la volaille, basée à Chypre et cotée à la bourse de Londres. Les poulaillers ukrainiens sont bien loin de l’objectif de réduction de la taille des exploitations voulu par la Commission Européenne. Alors qu’une exploitation française élève 40 000 volailles dans deux poulaillers, l’Ukraine en élève 2 millions sur un seul site.
On est bien loin des 50 000 poulets élevés en plein air au château d’Uzel à Pelousey en périphérie de Besançon ou encore des poulets de Bresse de l’Ain, de Saône et Loire et du Jura qui disposent, chacun, de 15m² de parcours herbeux pour prétendre à l’AOP « Volaille de Bresse ».
Les éleveurs français, et notamment francs-comtois sont soucieux du bien-être animal et de la production de volailles de qualité. Ils doutent que l’instauration de prix planchers par filière promise par Emmanuel Macron, puisse avoir un avenir face à des aiguillettes de poulet ukrainien transformés en Belgique ou aux Pays-Bas à des coûts 3 à 4 fois moins élevés. L’effet « Kiss-Cool » pour les éleveurs français : la baisse de leurs ventes !
Comtois, rends-toi ! Nenni, ma foi !
Le stand du Massif jurassien est à l’image des agriculteurs et éleveurs francs comtois. Un stand 137 dans le hall 1 qui ne désemplit pas. Face au « grand ring » de présentation des animaux, le Comté, Morbier, Emmental Grand Cru, bleu de Gex, Mont d’Or… tous les fromages comtois n’ont pas de mal à rivaliser avec la multinationale du fast-food installée de l’autre côté de l’allée. En Franche-Comté, l’agriculture n’a pas à craindre la mondialisation, tant par la qualité des produits que par la passion qui anime chaque éleveur, chaque agriculteur à donner le meilleur de son terroir.
Le Morbier reprend des couleurs
Les 50 entreprises produisent environ 11 000 tonnes de Morbier par an. Les ventes de ce fromage typique du Haut-Jura n’ont pas été affectées par les quelques cas d’enfants contaminés par une bactérie en décembre dernier. Cet accident ne doit pas détériorer l’image des fromages francs-comtois dont le cahier des charges sanitaire est extrêmement strict. Les produits à base de lait cru ont des qualités exceptionnelles. Pour autant, ils ne sont pas recommandés aux enfants en bas âge ni aux femmes enceintes, souligne Santé Publique France. L’enfance et la grossesse sont par essence des périodes qui ne durent pas. Rien n’empêche alors de consommer Comté ou emmental.
La Franche-Comté réussit un sans-faute aux concours agricoles
La charcuterie à l’honneur
Le Tuyé du Papy Gaby (Gilley), Morteau Saucisse (Morteau) et Saborec (Fesches-le-Chatel) sont récompensés par une médaille d’Argent pour leurs saucisses de Montbéliard IGP et Jean-Louis Amiotte (Avoudrey) reçoit une médaille de bronze.
La société Saborec à Fêche-l’église (90) rafle la mise avec une médaille d’or pour la saucisse de Morteau IGP. Les Salaisons Chapuis de Villers-le-lac obtiennent l’argent et la boucherie Grésard à Malbuisson et André Bazin à Breuches en Haute-Saône reçoivent le bronze.
L’emblématique Comté
Les sites de Juraflore et Monts et Terroirs raflent les récompenses.
4 unités de fabrication de Comté Juraflore sont récompensées par une médaille d’Or : Saint-Maurice Crillat, Foncine-le-Haut, Les Moussières dans le Jura et Juraflore Loue Lison à Chay dans le Doubs.
La fromagerie Napiot à Bians-les-Usiers (25), la coopérative des Monts de Joux à Bannans (25) et Monts et Terroirs à Plasne (39) complètent le palmarès en Or.
Les médailles d’Argent sont attribuées aux sites Juraflore de Mignovillard (39), de la fromagerie de la Haute-Combe de Septfontaines (25), Juraflore d’Indevillers (25) et Juraflore à Valempoulières (39), et à ceux de Monts et Terroirs de Pierrefontains-les-Varans (25) et de Damprichard (25).
Monts et Terroirs de Drom (01), Jura Terroir à Pont-du-Navoy (39) et les sites Juraflore de Ounans (39) et Le Fied (39) se partagent les médailles de Bronze
Le massif du Jura est aussi une terre de vins d’exception
Le concours général des vins a mis à l’honneur le vignoble jurassien en attribuant 34 médailles pour 15 domaines : 23 médailles d’Or, 7 médailles d’Argent et 4 médailles de Bronze.
Le Caveau des Byards au Vernois (39) rafle 4 médailles d’Or devant le Domaine Lornet de Montigny-les-Arsures avec 3 médailles d’Or, le Domaine Henri Maire qui s’adjuge 2 médailles d’Or et Jacques Tissot qui reçoit 2 médailles d’Or.
La Fruitière vinicole d’Arbois est récompensée par l’Or pour son vin de paille millésime 2020. Deux domaines de Château-Chalon obtiennent l’Or pour leur millésime 2017 : Domaine Lambert et Domaines de Savagny.
La liste est longue de ces viticulteurs qui ont su faire du vignoble jurassien un nectar de choix qui rivalise avec les grandes régions vinicoles françaises.
Y.Q et M.S