Les images polonaises trottent encore dans sa tête. Seul dans son canapé, accompagné d’un téléphone qui ne cesse de vibrer, difficile de se reposer pour Stéphane Ravacley. Il veut retourner avec un nouveau convoi humanitaire à la frontière ukrainienne, pour aider les milliers d’habitants en attente d’un refuge. Pour l’heure, il faut d’abord mieux s’organiser.
1000 demandes de dons en une journée
« Le 24 février quand j’ai appris la nouvelle aux infos, je n’ai pas pu dormir. J’ai posté deux messages sur mes réseaux sociaux pour expliquer qu’il faudrait le strict nécessaire pour ces gens-là et livrer le matériel avec un convoi. » explique le boulanger, fructifiant une notoriété acquise grâce à son premier combat. En 2021, Stéphane Ravacley avait entamé une grève de la faim pour obtenir une régularisation administrative de son apprenti à la Hûche à Pain.
« En une journée, j’ai reçu près de 1000 demandes de dons. Je n’avais rien prévu, alors avec une douzaine de membres nous nous sommes organisés pour tout récupérer et créer l’association « Les Convois Solidaires ». », poursuit-il. L’annonce s’étend, les dons affluent au local prêté par le théâtre de Besançon, rue de Trey. Près de 400 m3 de matériel, au total.
« Le Haut-Doubs a très fortement répondu ! »
« C’est vraiment la société civile qui s’est bougée pour aider les ukrainiens. Nous sommes partis dans la nuit du 5 au 6 mars, avec 24 camions. De nombreux artisans ont arrêté de travailler pour se joindre au convoi. Les habitants du Haut-Doubs ont répondu à l’appel par palettes entières. Nous avons emmené 200 m3. », poursuit le boulanger.
Arrivé à Przeworsk en Pologne, à une trentaine de kilomètres de la frontière ukrainienne, le convoi français est accueilli par des habitants et la Croix Rouge Internationale. « Ils ont tout déchargé en quelques heures c’était assez dingue. On a senti une atmosphère de guerre, des milliers de familles attendent pour fuir, d’autres souhaitent confier leurs enfants pour repartir en Ukraine et combattre. Notre équipe médicale plus près du front entendait les explosions ». Le convoi repart avec une dizaine de personnes, hébergées aujourd’hui dans différentes familles.
Les dépôts sont stockés aux Prés-de-Vaux
Pour poursuivre l’aventure humanitaire, l’association et Stéphane Ravacley ont trouvé un nouveau local. Un temps évoqué, l’ancien bowling de Palente, aujourd’hui fermé et toujours en vente, ne sera finalement pas mis à disposition des Convois Solidaires. Les bénévoles ont repris les dons et le tri au 14 chemin des Prés-de-Vaux à Besançon, depuis le 23 mars. « Nous allons retourner en Pologne le 2 avril. Maintenant que le sérieux et la détermination de nos actes sont prouvés, le public et les politiques ont plus facilement confiance. Nous irons uniquement avec des gros camions cette fois et une dizaine de bus pour récupérer des gens. Les péages français sont gratuits pour nous. », raconte le boulanger. Ce mardi 22 mars, des habitants de Haute-Saône livrent du matériel. Preuve que l’engouement humanitaire se poursuit.
Refaire une trésorerie
Après la Pologne, Stéphane Ravacley a d’autres projets : « on n’entend pas parler de ce pays mais la Moldavie est sous l’eau. Les habitants souffrent et accueillent aussi beaucoup d’ukrainiens. » Un souhait impossible pour l’heure à réaliser : en Transnistrie, territoire pro-russe de l’est du pays, des troupes de Vladimir Poutine sont stationnées.
Pour poursuivre son action, le boulanger stoppe son activité sur Paris, essayant dans le même temps de refaire une trésorerie pour la Hûche à Pain, rue Rivotte. « Mon équipe fait un boulot formidable. J’aimerais aller au Parlement Européen pour crier contre cet immobilisme de certains pays qui ne font rien pour changer la situation. Je ne suis pas un expert en politique et géopolitique mais il faut que les états soient humanistes. Si je peux partir avec les gars le 31 je le ferai. »
Martin Saussard