Voitures électriques : attention au court-jus !

Ce sont les premiers beaux jours, l’occasion de partir un weekend et de préparer son itinéraire pour partir en vacances sans tomber en panne de batterie. Prix d’achat, entretien, recharge…La voiture électrique peut recéler des pièges !

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© DR

En 2023, les ventes de véhicules ont dépassé 1,5 million d’unités en France, soit une augmentation de 37% en un an. Ce bond spectaculaire a été porté par les ventes de véhicules électriques qui ont atteint 300 000 unités. Les véhicules électriques représentaient fin 2023, 20% du marché total. On estime que le parc de véhicules électriques atteindra 7 millions d’unités en 2030.

La recharge électrique peut coûter plus cher qu’un plein d’essence

Si les voitures électriques présentent un réel avantage au plan environnemental, sont-elles pour autant plus économiques que les véhicules thermiques ? Selon une étude menée par le fabricant de bornes Qoviltis, le coût moyen d’une recharge de voiture électrique pour un parcours de 100 km varie en fonction des conditions d’utilisation, de 2,50€ à 10,60€. Le plein de watts serait donc moins cher que le plein d’essence !

Un coût de 1 à 4 quand même

La start-up Qovoltis a réalisé son étude à partir de la moyenne des tarifs des opérateurs d’électricité et en se basant sur une voiture à usage urbain consommant 18 kWh pour 100 km (Zoe R110 ou MG4 Standard). 2,50€ est le coût moyen pour une borne individuelle classique à domicile en heures creuses (le coût atteint 5,30€ en heures pleines). Certaines bornes individuelles « intelligentes » adaptent la durée et la puissance de la recharge en fonction du prix du Kw, mais elles coûtent beaucoup plus cher.

Par contre, pour les bornes publiques situées principalement sur les aires d’autoroute d’une puissance de 250 kW, le coût de la recharge rapide de 18 kWh est en moyenne de 10,60€. Qovoltis estime que le coût de la recharge demeure inférieur au plein d’essence comparé à un véhicule thermique consommant 7,5 l/100 km à 1,85€/l. La comparaison n’est toutefois pas pertinente, le même type de véhicule thermique (Clio 4 par exemple) consomme environ 5 l/100 km, soit un coût de 9,25€, inférieur au prix de la recharge rapide.

Il convient également de préciser que l’utilisation régulière des bornes de recharge rapide endommage les composants de la batterie. Selon une étude publiée par L’Argus, les recharges rapides (jusqu’à 360 kW) dégagent beaucoup de chaleur, d’autant plus importante quand il s’agit d’une recharge sur autoroute en plein été avec une température extérieure élevée. Il convient donc d’éviter l’usage de bornes de recharge rapide, au détriment du temps de trajet !

De 4 minutes à 8 heures de recharge pour 100 km
Total Energies installent de nombreuses stations de recharge rapide sur les aires d’autoroute ©DR

Qovoltis a étudié le temps nécessaire pour recharger la batterie (18 kWh pour 10 km). Une prise classique à domicile va nécessiter près de 8h de recharge : la recharge de nuit en heures creuses correspond à un usage quotidien domicile-travail. A l’inverse, il suffira de 4’30’’ pour recharger le véhicule sur une borne de 250 kW. L’étude confirme par ailleurs que le temps de recharge dépend de plusieurs facteurs extérieurs à la puissance de la borne (température et niveau moyen de recharge préalable de la batterie).

Imaginons un départ en vacances le 3 août sur l’autoroute A7. Selon Vinci Autoroutes, l’aire de Montélimar est la plus grande d’Europe et la plus fréquentée de France (elle accueille en moyenne 40 000 véhicules/jour). A raison d’un véhicule électrique sur 5 ayant besoin d’être rechargé, combien de tonnes de nougat supplémentaires seront achetés pour patienter le temps de la recharge ? La solution consistera alors à sortir de l’autoroute et de recharger la batterie sur la place ombragée d’un village (au cas où le dit-village est équipé d’une borne).

Pas de clim’ ou de chauffage

Le site Automobile Propre a recherché les éléments les plus gourmands en énergie sur une voiture électrique. Le moteur utilise environ 80% de l’énergie disponible : plus le véhicule roule vite (jusqu’à 130 km/h) plus la batterie va se décharger vite. La climatisation et le chauffage sont également des éléments énergivores : il peut être conseillé de programmer le chauffage en hiver ou la clim’ en été quand le véhicule est en recharge à domicile.

Plus surprenant, le dégivrage de la lunette arrière consomme 500W de plus, comme les sièges chauffants qui consomment 120W. Pour autant, beaucoup d’éléments énergivores sont indispensables au bon fonctionnement et à la sécurité. Pas question par exemple de ne pas utiliser les phares en pleine nuit pour économiser la batterie !

Yves Quemeneur