Région. Plus de 10 000 emplois dans la filière forêt-bois de l’Arc jurassien

Les partenaires de la coopération franco-suisse réunis au sein d’Arcjurassien.org, ont sollicité l’INSEE Bourgogne Franche-Comté et les offices statistiques de Neuchâtel et Vaud pour conduire une étude sur la filière forêt-bois de ce large territoire et proposer un éclairage commun des deux côtés de la frontière.

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L'Arc jurassien inclut le Haut-Jura franco-suisse et la vallée de Joux, l'Aire de proximité Mont d'or - Chasseron, les Parcs et Agglomération urbaine du Doubs et le Nord Franche-Comté, canton du Jura ©Ostaj

Le territoire se caractérise par une forte densité forestière, une diversité d’essences et des savoir-faire ancrés de part et d’autre de la frontière. Les activités forestières et de transformation du bois occupent historiquement une place notable dans l’économie locale du territoire.

L’étude produite par l’Observatoire statistique transfrontalier de l’arc jurassien (Ostaj) dresse un panorama des emplois, des dynamiques de récolte et de transformation, ainsi que les complémentarités territoriales.

3,8 millions de m³ ont été récoltés en 2022

Les résineux destinés au bois d’œuvre représentent la majorité du cubage récolté. L’augmentation de la récolte est marquée par un contexte de multiplication des coupes sanitaires, rendues nécessaires pour freiner la prolifération des insectes ravageurs, favorisée par les sécheresses estivales plus importantes ces dernières années.

L’étude permet de croiser les données des deux versants et d’offrir des éléments de compréhension à l’ensemble des acteurs concernés par l’avenir de la filière.

Un périmètre d’étude élargi

Pour la 1ère partie de l’étude portant sur « Forêt et récolte du bois dans l’Arc jurassien », le périmètre s’étend sur les trois départements frontaliers français (Doubs, Jura, Territoire de Belfort) et les quatre cantons de l’Arc jurassien (Berne, Vaud, Neuchâtel et Jura).

La seconde partie qui traite de « l’importance de la filière bois pour l’économie de l’Arc jurassien » est limitée au périmètre géographique utilisé normalement dans les études de l’Ostaj. Côté français, la forêt est principalement composée de feuillus et de résineux, notamment dans le département du Jura. Côté suisse, elle est majoritairement mixte et particulièrement importante dans le canton du Jura.

Le cœur de la filière représente 1% de l’emploi total du territoire. 55% des emplois sont situés en Suisse. La récolte et le sciage du bois constituent 43% des emplois français contre 19% en Suisse où le travail du bois est beaucoup plus développé.

La filière forêt-bois est à plus forte valeur ajoutée en Suisse que du côté français.

550 frontaliers travaillent dans la filière bois

Ils représentent 1,4% des frontaliers de l’Arc jurassien français, en augmentation d’une centaine d’emplois depuis 10 ans. Ils résident pour les ¾ dans le département du Doubs. C’est une population plus jeune que l’ensemble des frontaliers (24% des salariés ont moins de 25 ans). A contrario, la part des frontaliers de la filière âgés de plus de 50 ans est de 31% (contre 19% il y a 10 ans).

Ils travaillent plus souvent dans le travail du bois et la construction (charpentes) que dans la sylviculture et l’exploitation forestière, une activité plus importante côté français.

4 segments d’activités inégalement répartis

La Sylviculture représente 1 900 emplois, pour moitié dans les exploitations forestières des quatre territoires de l’Arc jurassien et pour l’autre moitié dans les services de soutien à l’exploitation forestière (souvent en dehors du périmètre de l’étude). C’est le cas par exemple de l’Office National des Forêts (ONF), gestionnaire de la forêt publique en France.

Le second segment regroupe les activités de sciage, de rabotage. Il représente environ 1 200 emplois dont les 2/3 sont situés dans le périmètre de coopération, en particulier dans l’Aire de proximité Mont d’Or – Chasseron et les parcs et agglomération urbaine du Doubs. Les résineux constituent la grande majorité des bois débités dans l’Arc jurassien, dans les scieries installées à proximité des grandes sapinières.

L’aval de la filière est le plus importante en poids économique. Il emploie 4 500 personnes, soit 40% de l’emploi dans la filière. Le travail du bois est un segment à plus forte valeur ajoutée, particulièrement dans les territoires les plus éloignés de la ressource.

Le territoire du Haut-Jura – Vallée de Joux est spécialisé dans le travail du bois, une activité historique et traditionnelle qui constitue 53% des emplois de la filière. Cette activité est également significative dans l’EPCI Les Rousses – Haut Jura, dans le Val de Morteau et en Suisse dans le Val-de-Travers.

Enfin, 1 600 salariés travaillent dans la construction en bois (montage de charpentes) et 1 100 personnes dans l’industrie du papier-carton, plus représentée dans les territoires de plaine.

Cette étude, menée conjointement par le service de statistique du canton de Neuchâtel et par l’INSEE Bourgogne Franche-Comté, donne une bonne photographie de la filière. Si le réchauffement climatique…actuel altère la qualité des bois, l’avenir de la filière est loin des clichés illustrant une forêt qui disparaît et avec elle, les emplois et la création de richesses.

Yves Quemeneur