Édito. Président bousculé, paysans déterminés

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Que ce fut compliqué pour le Président de la République. L’échec cuisant d’un grand débat agricole annulé pour une « erreur de communication », un comble pour un président ultra-communicant, fait mal. Ni la chemise blanche retroussée, ni les quelques plans et annonces évoqués n’auront réussi à calmer le monde paysan, Porte de Versailles samedi 24 février, à l’ouverture du SIA 2024. Un faux-départ pour les organisateurs du Salon, qui face à la colère des agriculteurs aux prises avec les forces de l’ordre, ont dû décaler l’ouverture officielle. À quelques mètres, le Président de la République s’est retrouvé cerné par des agriculteurs à bout de souffle dont la seule motivation, pour beaucoup, était d’hurler leur colère et désarroi. En réponse, Emmanuel Macron a d’abord tenté un tutoiement de proximité méprisant mêlé à un ton ferme, pour donner l’illusion d’une clarté. De ces deux heures d’échanges, il ressort l’engagement « d’un plan d’urgence de trésorerie », dont les modalités restent encore à définir mais aussi cette idée de « prix plancher » pour augmenter les revenus des agriculteurs. Une dernière annonce prise à la France Insoumise, quoi qu’en dise le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau. Dès novembre 2023, LFI proposait une réforme française en ce sens. Un modèle digne « de Cuba ou l’Union soviétique » matraquait à l’époque le groupe Renaissance. Cette fois, c’est le Président qui le dit. Ce fonctionnement existe déjà en France sur certains produits mais également aux États-Unis pour le blé ou maïs, loin du modèle soviétique donc. Une idée qui pourrait fonctionner si elle était appliquée et uniformisée à l’échelle européenne, à l’heure où nos marchandises circulent librement. Une sorte de retour à un « prix d’intervention » avec un contrôle strict des prix des importations étrangères. Le Salon de l’Agriculture devait sonner la fin de la contestation avec des mesures concrètes, il aura surtout démontré un chef de l’État bousculé, une détermination du monde agricole encore loin d’être unanime sur les idées. Un nouveau rendez-vous avec les organisations syndicales est fixé, dans deux semaines à l’Élysée.