Les polémiques fumeuses s’enchaînent autour de la maire écologiste de Besançon. La dernière en date est née après le tweet du célèbre compte parodique L’Écho de la Boucle, notre Gorafi local, le 2 janvier : « URGENT : la maire de Besançon demande aux boulangers de sa ville d’utiliser l’appellation « Fantastique galette » à la place de « Galette des Rois », qu’elle juge à la fois sexiste et anti-républicaine. »
L’opposition en quête de polémique
Une blague faisant référence à la dernière (l’énième ?) polémique créée par les opposants de droite et d’extrême droite, en novembre 2021, lors des illuminations de Noël à Besançon. A l’époque Ludovic Fagaut, élu Les Républicains et Géraldine Grangier élue locale du Rassemblement National, avaient accusé Anne Vignot de déconstruire Noël au nom de la laïcité. En déplacement dans la capitale comtoise lors de sa campagne pour la primaire des Républicains, Éric Ciotti en avait remis une couche en postant une photo et ajoutant « À Besançon, grâce à la maire écolo, on ne dit plus “Joyeux Noël” mais plutôt “fantastique décembre » ».
La maire de la ville avait reçu une première salve d’insultes et moqueries, à tort. Car l’équipe municipale actuelle n’a rien à voir avec cette initiative. Le nom « Fantastique Décembre » existant depuis 2019, avant qu’Anne Vignot ne soit élue maire. La formule avait été lancée par l’Office du commerce et de l’artisanat de Besançon (OCAB).
🔴URGENT : la maire de Besançon demande aux boulangers de sa ville d’utiliser l’appellation « Fantastique galette » à la place de « Galette des Rois », qu’elle juge à la fois sexiste et anti-républicaine. pic.twitter.com/lGEnMAdrFp
— l'Écho de la Boucle (@EchodelaBoucle) January 2, 2022
Politiques et journalistes tombent dans le panneau
Un premier pétard mouillé pour déverser une haine anti-écologiste et qui n’a apparemment pas servi de leçon. Suite au tweet de l’Écho de la Boucle sur la galette dimanche 2 janvier, des centaines de comptes Twitter ont réagi, s’offusquant de la nouvelle, pensant qu’elle était bien réelle. Des élus d’abord, comme Eléonore Bez, conseillère régionale Rassemblement National Paca, Laurence A. Gougeon, conseillère municipale LR dans le Var, Benoît Auguste, conseiller régional RN en Auvergne-Rhône-Alpes ou encore Valérie Boyer, sénatrice Les Républicains des Bouches-du-Rhône ou encore Catherine Procaccia, sénatrice Les Républicains, sont tombés dans le panneau, réagissant au quart de tour sans réaliser leur erreur sur le moment. L’Écho de la Boucle n’a pas hésité à afficher chacun de ces comptes « influents », même après que les tweets soient supprimés.
Pire, des journalistes, normalement expérimentés comme Jean-Christophe Buisson, directeur-adjoint du Figaro Magazine ou Jean-Sébastien Ferjou, fondateur du média Atlantico, ont été piégés.
Ce génie #EELV n’a pas (quelle surprise…) la culture suffisante pour savoir que les rois mages de l’Evangile de Saint Matthieu n’étaient pas rois mais juste des visiteurs venus d’Orient
Mais peut-être est-elle anti-migrant.e.s à l’insu de son plein ?#FurieWoke https://t.co/H2slHHkBhC
— JS Ferjou (@jsferjou) January 2, 2022
Quand l’erreur laisse place à la mauvaise foi
Plutôt que de reconnaître leur erreur et supprimer le tweet, certains comme Jean-Sébastien Ferjou ont ajouté : « La parodie ressemble tellement à la réalité verte qu’on s’y perd… La maire de Besançon est juste anti 5G, pas (encore) anti galette des rois. »
La reprise de l'article de @EchodelaBoucle, sans aucun recul, par certains élus et journalistes révèle à quel point l 'idéologie anti #EELV les pousse à croire et relayer ce qui n'est qu'une blague. Où est le dogmatisme ? Le leur imprègne leurs pensées
— Anne Vignot (@Anne_Vignot) January 3, 2022
De son côté Anne Vignot, passionné d’anthropologie, a d’abord tenté de comprendre la démarche, avant de répondre. « Avec les réseaux sociaux on voit qu’un sujet sans fondement prend une ampleur assez étonnante. Les personnes à toujours nous attaquer, sont à l’image de ceux qui propagent des Fake News. Dès qu’il y a possibilité de taper sur l’écologie, il n’y a plus de limites. Cette nouvelle polémique montre que nos détracteurs sont dans un imaginaire dogmatique qui ne s’appuie sur aucun raisonnement et fait fi de toute intelligence. C’est inquiétant car pour les journalistes, soit il s’agit d’une perte de qualité du métier ou alors c’est beaucoup plus conscient et il s’agit d’attaquer l’écologie sciemment. Ce qui est encore plus grave car cela porterait atteinte à toute la profession. »
M.S