Interdiction de la castration à vif des porcelets, expérimentation de la vidéosurveillance en abattoir, présence obligatoire d’un référent bien-être animal : de nombreuses mesures ont été annoncées ces derniers mois concernant le bien-être animal, et notamment dans la filière porcine.
Les éleveurs porcins se disent particulièrement touchés par ce durcissement de la règlementation du bien-être animal. Les syndicats agricoles du Doubs dénoncent des « mesures actées sans que la répercussion des coûts de celles-ci sur le prix de vente ne soit prise en compte dans un marché hyperconcurrentiel ».
Ces règlementations concernent à la fois les conditions d’élevage, d’abattage, de vente, mais aussi de transport. Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture, a notamment annoncé vouloir augmenter les contrôles au cours du transport longue durée des animaux. Ce renforcement se traduira par la mise en place de contrôle par des vétérinaires privés lors des différents trajets, de l’élevage jusqu’à l’abattoir.
De plus, à compter du 1er mars 2022, la mention de l’origine des viandes devient obligatoire. Cet étiquetage systématique, jusqu’ici réservé uniquement à la filière bovine, s’appliquera le mois prochain à la viande d’ovin, de volaille et de porc.
Philippe Monnet, Président de l’interprofession porcine de Franche-Comté, déclare : « Cette prise de conscience sur le bien-être animal, c’est bien, mais c’est assez paradoxal ». Et de préciser : « Les consommateurs exigent que le bien-être des animaux soit respecté, mais s’ils ont l’opportunité d’acheter de la viande moins chère, ils le feront ».
L’interdiction de la castration à vif représente un « travail supplémentaire pour les éleveurs »
Philippe Monnet, tout en admettant que cette interdiction de la castration à vif des porcs marque un « certain progrès », dénonce cependant un « travail supplémentaire pour les éleveurs, et par conséquent un coût supplémentaire qui est répercuté sur le prix final d’achat ». Le Président de la section porcine évoque une hausse de 5 euros par manipulation. « On fait en sorte de s’adapter, mais c’est une nouvelle pratique pas forcément évidente à mettre en œuvre. C’est une manipulation en plus à effectuer, qui s’apprend via des formations et des mises en situation », souligne-t-il.
De plus, cette nouvelle règlementation ne s’appliquant pas à l’échelle européenne, « les éleveurs français sont davantage impactés ».
Les associations de défense des animaux réclament une meilleure prise en compte du bien-être animal
De l’autre côté du spectre, l’association bisontine Humanimo, qui protège et défend les animaux, qu’ils soient domestiques ou sauvages, dénonce des « mesurettes ». « Pour faire de l’élevage en respectant le bien-être animal, il faut respecter les besoins physiologiques des animaux. », dénonce Virginie Vernay, présidente de l’association. « Tout cela est largement insuffisant, il s’agit seulement d’éviter quelques souffrances à la naissance. Je ne vais pas cracher dessus, mais sérieusement, de quoi parlons-nous ? », dénonce-t-elle.
Pour l’association bisontine de défense des animaux humanimo, ces nouvelles règles sont « des mesurettes »
Tout en comparant les abattoirs à des « camps de concentration », Virginie Vernay estime que les éleveurs doivent « évoluer avec leur temps, arrêter les élevages intensifs et comprendre que les animaux ne sont pas des tiroirs-caisses ».
Associations de défense des animaux et filières porcines s’accordent néanmoins sur un point : le gouvernement est au centre de leurs critiques.