Les jeux de Pékin sont terminés, ils ont été exceptionnels pour Quentin. Que ressentez vous après une quinzaine aussi intense sur le plan émotionnel ?
Laurent Fillon Maillet : On a encore du mal à réaliser ! C’est tellement incroyable. Quand Quentin est parti aux jeux on espérait qu’il ramène une médaille alors quand il a décroché l’argent dans l’épreuve du relais mixte, on s’est dit : c’est bon, il l’a sa médaille, c’est bien ! Mais nous n’imaginions vraiment pas qu’il allait faire une telle moisson sur les autres courses.
Justement, comment avez vous vécu ses courses ?
Avec Hélène mon épouse, nous étions à chaque fois devant l’écran géant installé dans le gymnase de la commune. Il y avait toujours un monde fou, 700 à 800 personnes qui criaient, qui chantaient, qui applaudissaient à chaque passage de Quentin. C’était vraiment une chaude ambiance, à la limite de nous faire monter les larmes aux yeux. Nous étions tendus bien sûr pendant les courses, mais nous étions vraiment portés par la foule. Nous avions surtout peur que le froid le perturbe, car Quentin n’aime vraiment pas le froid. Mais il a su déjouer tout ça. Cet engouement extraordinaire autour de lui nous a fait chaud au coeur.
Qu’est ce qui a permis à Quentin selon vous, de remporter ces 5 médailles en 6 courses ?
C’est vraiment la récompense de son travail et de son mental. C’est un très gros bosseur, capable de faire tous les sacrifices pour atteindre ses objectifs. Il a énormément travaillé depuis des années et c’est cette valeur travail qui a payé. Et puis il y aussi son mental, sa volonté de réussir. Il ne lâche jamais rien, il a su s’accrocher même quand ça n’allait pas. C’est un perfectionniste et il a su gérer les moindres détails pour progresser et améliorer ses performances. Ces derniers mois il était dans une bonne dynamique en coupe du monde, avec notamment plusieurs victoires et il a su maintenir cet élan pendant toute la durée des jeux. Ce n’est pas donné à tout le monde de réussir ça.
Vous avez le sentiment qu’il a progressé sur le plan mental ?
Oui il a bcp progressé ces dernières années sur ce plan là c’est sûr. Depuis le début de la saison, on a l’impression qu’il a passé un cap. On le voit d’ailleurs dans son attitude. Son regard au moment du tir par exemple, c’est un regard de tueur. Le regard de quelqu’un qui veut aller chercher la victoire. Plusieurs fois en le voyant sur le pas de tir je me suis dit : là il est bien. Alors que parfois au contraire, on ressent son stress et ça c’est pas bon. Lors de la mass start c’était le cas, il m’a semblé un peu perturbé par Johannès Boe et il a peut-être douté un peu…
Vous êtes allés en famille accueillir Quentin lors de son retour, à l’aéroport de Genève. Il y avait aussi une cinquantaine de fans qui avaient fait le déplacement. Comment avez vous vécu ces retrouvailles avec votre fils ?
C’était un moment très fort. Avec encore une fois une très chaude ambiance. Ses fans ont fait beaucoup de bruit dans le hall de l’aéroport. Je pense que cette liesse prouve que les gens aiment Quentin. C’est quelqu’un qui est resté humble, qui va au contact des gens et qui sait aussi remercier ses coéquipiers, le public, ses entraineurs mais aussi tous les bénévoles.
Quels ont été ses premiers mots à ce moment là ?
On l’a vu très rapidement. Il nous a dit qu’il était heureux de rentrer chez lui et qu’il était fatigué. Ensuite tout s’est enchaîné très vite car il y a eu également une grosse fête à Saint Laurent en Grandvaux le soir même. Plus de 1500 personnes venues l’applaudir, c’est incroyable. Je n’avais encore jamais vu ça dans notre commune. Quentin a été très sollicité mais il a vraiment joué le jeu. Désormais il va se reposer un peu mais je sais qu’il va repartir très vite sur ses objectifs afin de repartir du bon pied en coupe du monde.
Quand il était enfant, rêvait il de devenir un champion ?
Oui il avait ce rêve de devenir champion de ski de fond ou de biathlon, comme tous les gamins de son âge qui débutent un sport. Il nous en parlait parfois et aujourd’hui il a la chance d’avoir réalisé de rêve, c’est magnifique, un aboutissement qu’il mérite vraiment.
Bernard Portugal