À dada sur mon bidet !

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Dans cette rubrique il nous arrive de nous réjouir d’expressions qui, comme les recettes des Grands Chefs, cachent sous leur fumet raffiné de secrets assemblages aux mystères bien gardés. Ainsi, j’entendais tantôt : « c’est mon dada ! ».

Que cache ce dada ?
Les étymologistes prétendent que ce mot est d’origine anglaise comme le penalty ou le brexit. Ils expliquent dans un charabia où je me suis per- du que le hobby-horse (le dada anglais) est un long bâton utilisé par les enfants comme un jouet pour des chevauchées fantastiques dans les cou- loirs et vestibules anglais. Dont acte. De là, un écrivain satirique de chez eux, Laurence Sterne, de surcroît membre du clergé, aurait donné à l’expression « enfourcher son dada », le sens de poursuivre une idée fixe. L’allégorie est en glaise compacte et imperméable. Un peu tirée par les crins de la queue si vous voulez mon avis.
Malgré cette boiterie d’origine, le dada s’est en- volé jusqu’à franchir la Manche.
Chez nous, le dada raconte une lubie, une ma- rotte, un passe-temps, un violon d’Ingres.
Le mulet et la mule sont stériles mais le dada a mis bas le dadaïsme. Un mouvement artistique qui proteste par la dérision contre l’absurdité universelle. Tout un programme !
L’histoire a retenu que pour donner son nom à ce mouvement qui voulait se libérer des idées re- çues ses promoteurs ont glissé un coupe-papier au hasard dans les pages d’un dictionnaire La- rousse le 8 février 1916 à Zurich, au café Terrasse. Vous penserez comme moi que les cafés suisses sont bien nantis et prospères pour qu’on y trouve un Larousse plutôt que Paris-Turf. Mais ne nous dispersons pas sur d’autres dadas en coq-à-l’âne inutiles…

J’ai voulu reproduire l’expérience. Mais mon coupe-papier pourtant de qualité suisse a buté sur « cacophonie ». Je n’en tire aucune conclu- sion.

Gérard BOUVIER