Mots nouveaux !

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J’entendais hier encore un ronchon se plaindre qu’ils nous bassinent à devoir s’inscrire dans leurs vaccinodromes. Choc frontal d’un verbe que je pensais disparu depuis l’eau courante et les progrès de l’hygiène avec un mot nouveau promis à un bel avenir par temps de pandémie.

Ainsi, nos vieux mots, nos vieilles expressions, s’effilochent puis se déchirent et se défilent à jamais, après quelques vaines rapponses. Ils deviennent désuets, obsolètes, surannés, rococos, dépassés et caducs…

En 1501, le dictionnaire remplaça le glossaire. Les vieux grimoires avaient depuis longtemps vécu… Le sens de l’histoire dicte sa loi. C’est rarement un sens giratoire. Aujourd’hui l’évolution continue.

Adieu l’arpète ! Disparu illico presto ! Plus de fanfreluche, plus de gourgandine, finis les zigotos, les bidules… Assez fait le mariole ! C’était des mots baths mais on les a perdus. J’en sais un rayon sur les mots, c’est ma marotte. Je suis triste de les voir envoyés fiche-perdre sans qu’ils aient démérité ! Aux riblons ! Avec tout le saint-frusquin, le barda, le bastringue et le diable et son train…

Le brindezingue n’est-il plus qu’un bris de cheneau dézingué par la tempête ? Le niquedouille n’est-il plus qu’une surtension du réseau qui fait griller les ampoules ?

Les mots nouveaux sont arrivés qui balaient tout. Le pickpocket a détroussé le vide-gousset. Comme une lame de fond, le tsunami renvoie par-dessus bord le raz de marée. L’exotisme coule à flot…

Nous n’entendons plus : baisse la tête t’auras l’air d’un coureur ! Et si je le regrette on ne me re- proche plus d’être remonté comme un coucou. Ou à l’inverse de m’en tamponner le coquillard. Tous ces mots sont désormais…confinés. Un mot nouveau promis à un bel avenir.

Gérard Bouvier