Doubs. La rénovation de Notre Dame porte une touche franc-comtoise

Le samedi 7 décembre 2024, le monde entier avait les yeux rivés sur la Haute vallée de la Loue et le village de Lods, l’un des plus beaux de France. C’est dans cet univers bucolique, plus connu pour la pêche à la mouche, qu’une partie de la charpente de Notre Dame de Paris, a été élaborée.

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Les charpentiers de la Grande Oye à Lods ont participé à la restauration de "la forêt", la charpente de Notre Dame de Paris reconstruite à l'identique ©Atelier la Grande Oye

2 000 personnes venues de 250 entreprises et ateliers ont travaillé à la restauration de la cathédrale. On comptait jusqu’à 500 artisans et compagnons travaillant ensemble à l’intérieur de l’édifice. Ils étaient les représentants de tous les territoires. D’Occitanie, de Bretagne, de Normandie, du Nord ou de Franche-Comté, c’est toute la France éternelle qui redonnait le lustre à ce monument. Bien plus qu’une cathédrale, Notre Dame de Paris est l’âme de la France. C’est la main divine qui a guidé la main des artisans

L’atelier de la grande Oye à Lods

Les quatre charpentiers de la Grande Oye autour de Paul Zahnd et de Julien Hentzy, ont été sollicités par les Ateliers Desmonts chargés de la restauration de la charpente de la nef de Notre Dame. Les compagnons charpentiers normands et francs-comtois maîtrisent la technique d’équarissage à la hache. Ils sont rares ces charpentiers de la tradition qui travaillent le bois vert pour en tirer des longs fûts de chêne étonnamment rectilignes. C’est cette technique ancestrale qui a permis à « la forêt » de traverser les siècles jusqu’à cette journée funeste du 15 avril 2019. Les charpentiers de Lods ont travaillé 6 mois à assembler 12 fermes de ce chantier hors normes composé de 60 fermes.

Bien plus qu’une commande

Pour Paul Zahnd « notre atelier existe depuis 16 ans où nous défendons le travail à la main. Cela a été une grande joie, un honneur et une consécration d’avoir été choisis pour restituer une partie de la charpente de Notre Dame ». « Nous avons fabriqué cette charpente avec tout notre cœur, en pensant à tous les humains qui ont prié dans cette cathédrale pendant des siècles et pour ceux qui y prieront encore longtemps. Nous sommes croyants et cette mission fut une opportunité exceptionnelle de marier notre technique et notre foi ».

« Ce chantier restera à jamais gravé en nous, tant par les rencontres avec les autres charpentiers, avec les architectes de la restauration et au travers des messages que nous avons reçu du monde entier ». Pendant 1000 ans, la cathédrale a illuminé l’âme du monde. Sa restauration rappelle la saga de Tom le Bâtisseur dans « Les piliers de la terre », « Un monde sans fin » et « Une colonne de feu ». L’histoire racontée par Ken Follett résonne étrangement alors que l’on vient de rouvrir Notre Dame de Paris. Notre Dame est l’histoire de l’Europe civilisationnelle contre l’Europe mondialisée qui n’a plus de repères. Les artisans et artistes du XXIe siècle sont les dignes héritiers des Compagnons du Moyen-Âge qui parcouraient l’Europe chrétienne à la recherche de la beauté ultime des cathédrales, des basiliques et des églises. Les tours et flèches étaient et sont toujours des messages vers Dieu construites par des femmes et des hommes de passion et de foi.

Yves Quemeneur