Sans gouvernail national, le département navigue à vue pour son budget 2025

Le 16 et 17 décembre 2024, le Conseil départemental du Doubs votait son budget primitif pour l’année 2025, malgré l’absence de visibilité sur la loi de finances 2025 qui prévoyait (gouvernement Barnier) une économie sur les dotations octroyées aux collectivités locales.

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photo d'illustration ©YQ
« Le bateau France prend l’eau »

Christine Bouquin, dans ses propos liminaires, a utilisé une métaphore maritime pour exprimer son incompréhension d’une motion de censure « qui prive la France d’un cadre budgétaire, aussi imparfait soit-il, et retarder d’autant le nécessaire processus de redressement des comptes publics ».

La présidente du département fustige « des parlementaires qui font le choix de retirer le gouvernail du navire et passent le capitaine par-dessus bord ».

Un nouveau Premier Ministre a été nommé. « Je souhaite qu’il réussisse dans l’intérêt supérieur de la nation…et qu’il sache associer les collectivités…par un dialogue constructif que nous avions patiemment réussi à installer entre le gouvernement précédent et les départements ». Sans présager de la politique développée par François Bayrou, Christine Bouquin peut compter sur Nicolas Pernot, le nouveau DirCab du Premier Ministre. Ce haut fonctionnaire est un fin connaisseur des collectivités locales !

« Malgré les blocages qui ont des conséquences concrètes…sur la vie des Français…il ne serait pas acceptable que nous mettions la machine départementale sur pause…Avec la majorité départementale, ce n’est évidemment pas notre état d’esprit ».

Et Christine Bouquin de poursuivre « Lorsque l’échelon national vacille ou se trouve en situation de fragilité, il revient aux collectivités territoriales de continuer à porter des projets et des services publics de proximité, qui constituent le socle de notre République ».

Un budget responsable

Dans ses propos, la Présidente du Doubs parle de « gestion rigoureuse de nos ressources, de la préparation de l’avenir, de jouer notre rôle aux côtés du bloc communal et des partenaires locaux.

Il n’y aura pas d’année blanche pour notre soutien aux projets locaux portés par les communes et les intercommunalités ».

Mais Christine Bouquin insiste « sur la responsabilité de tenir un discours de vérité et de ne laisser personne de côté ».

La Présidente conclut sur « un budget de sincérité et ambitieux pour notre territoire : investir pour préparer l’avenir, soutenir les plus fragiles ou moderniser nos infrastructures ».

« Un budget incertain » pour l’opposition

Raphaël Krucien, chef de file de l’opposition départementale, « nous vous demandons de repousser le vote de ce budget primitif ». Quelques instants après, il félicite l’exécutif de présenter un budget dans ce moment incertain !

« La dette et le déficit nous préoccupent mais l’avenir de nos enfants aussi »

Raphaël Krucien s’oppose bien entendu à ce budget « votre cap ne répond pas aux besoins. Nous faisons un constat d’échec face à des dépenses faramineuses et un projet qui fait de l’insécurité sociale. Doit-on inciter à la charité comme on le faisait au XIXe siècle ? »

Il poursuit en notant que « le problème essentiel de notre pays est la justice fiscale. Nous souhaitons proposer un vœu à l’assemblée départementale de créer un impôt sur les gros patrimoines ». Interrogé sur le seuil à partir duquel serait calculé ce nouvel impôt, Raphaël Krucien n’a pas apporté de réponse !

Après des chicailleries trop longues,  Olivier Billot, vice-président en charge des finances, a pu entrer dans le vif du budget primitif 2025, même si celui-ci devra faire l’objet assez rapidement de modifications au gré des décisions nationales.

Yves Quemeneur