Économie. Le Doubs perd la première place de département le plus industriel

L’économie régionale, comme au niveau national, a ralenti en 2024. La dernière étude publiée fin juin par l’Insee, note le climat d’incertitude lié à la situation politique et budgétaire en France, à la crise de l’économie allemande et aux conséquences de la nouvelle politique américaine. Il pèse sur le moral des entreprises et leurs investissements.

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carte Bourgogne Franche-Comté
L'emploi industriel en Bourgogne Franche-Comté ©Insee BFC

La Bourgogne Franche-Comté n’est pas épargnée par ce ralentissement. Dans le secteur privé, l’activité (mesurée par les heures rémunérées) stagne en 2024, après une hausse de 0,6% en 2023. Le nombre d’heures rémunérées a été en net recul au second semestre 2024 (-0,5%). Malgré des gains de pouvoir d’achat et une inflation désormais maîtrisée, l’INSEE note une consommation des ménages peu dynamique et un taux d’épargne au plus haut.


Quelques signaux au vert

Le taux de chômage reste toujours bas dans la région, en comparaison au taux national et l’emploi frontalier, toutefois fragilisé, reste dynamique. La progression des défaillances d’entreprises se tasse et les créations d’entreprises repartent à la hausse.

Dégradation du marché du travail

L’emploi est orienté à la baisse depuis l’été 2024. L’emploi salarié diminue, en particulier en fin d’année 2024. Il s’établit à 992 000 emplois et retrouve son niveau de l’automne 2022. La diminution des aides à l’embauche dans les formations en alternance pénalise ces types de contrat. L’ensemble des secteurs est concerné par l’essoufflement du marché du travail.

Fin 2024, le taux de chômage s’établit à 6,5% de la population active en Bourgogne Franche-Comté contre 7,1% en France métropolitaine. Au niveau départemental, le taux de chômage se stabilise. Il varie de 5,2% dans le Jura à 8,8% dans le Territoire de Belfort. Toutefois, dans certaines zones d’emploi, le taux de chômage augmente comme à Pontarlier ou Montbéliard du fait des difficultés économiques en Suisse qui affectent l’emploi frontalier et du recul de l’emploi dans le secteur automobile.

Rebond des créations d’entreprises

33 300 nouvelles entreprises ont été créées en 2024, plus qu’en 2022 et 2023. Les micro-entreprises et les sociétés expliquent ce chiffre record. Si le nombre de défaillances reste à un niveau élevé (2 200 sur l’année), il marque un net ralentissement depuis l’été dernier.

Le marché de la construction toujours en difficulté

La construction comme les activités immobilières rencontrent des difficultés dans la région, atteignant son point le plus bas en 2024. Hausse des coûts, restriction des crédits, la crise dure maintenant depuis plus de deux ans. La détente sur les taux d’intérêt ne porte pas encore ses fruits et on ne constate pas de relance du marché immobilier.

En 2024, 8 500 logements ont été autorisés à la construction dans la grande région, soit une baisse de 17% par rapport à 2023, largement plus importante qu’au niveau national (-12%). L’INSEE constate en 2024 une baisse des demandes de permis de construire plus importante dans l’habitat collectif (-20%) que dans le secteur pavillonnaire (-13%). La baisse des permis de construire dans le Doubs (-13%) est moins importante qu’en Haute-Saône (-34%).

Une fréquentation touristique en baisse

Elle a diminué dans tous les types d’hébergement en 2024. Dans la région, le nombre de nuitées est revenu à son niveau de 2019 avec 11,3 millions de nuitées, soit 20 000 de moins qu’en 2023, une baisse trois fois plus forte qu’en France métropolitaine qui avait en partie profité des Jeux Olympique de Paris. Le printemps pluvieux a freiné la fréquentation touristique dans la région.

Transport

Recul des immatriculations de véhicules neufs. En 2024, 88 300 véhicules neufs ont été immatriculés en Bourgogne Franche-Comté. Parallèlement, on a enregistré 244 200 immatriculations de véhicules d’occasion, un chiffre qui reste à un niveau bas depuis trois ans. Le verdissement du parc reste insuffisant avec seulement 10 000 véhicules électriques immatriculés en 2024. Le transport routier de marchandises sous pavillon français progresse

Il a représenté en 2024 15,5 milliards de tonnes-km, en progression de 6,6%. Seuls les flux intra régionaux stagnent. Globalement, le TRM français est en croissance dans la région.

Le Doubs perd la 1ère place de département le plus industriel. C’est son voisin, le département de Haute-Saône, qui est devenu le département le plus industriel de France (en % des actifs) totalisant un emploi sur 5 dans le secteur de l’industrie. La métallurgie et l’industrie du bois sont des secteurs historiquement bien implantés en Haute-Saône.

Les 15 plus grands établissements du département contribuent à plus de 20% de la valeur ajoutée et concentrent 15% des salariés. Répartis sur l’ensemble du territoire de Haute-Saône, ils structurent fortement le tissu local. Totalisant chacun plus de 250 salariés, ils opèrent dans des secteurs industriels variés (équipement de transport automobile, pharmacie, fabrication de machines et équipements…).

Yves Quemeneur