« À la Perdrix, le ski c’est fini ». L’annonce sur les réseaux sociaux par le Haut Saugeais Blanc a fait l’effet d’un coup de massue, générant des centaines de réactions : « une tragédie pour les passionnés de ski de fond et pour toute la communauté locale » pour l’un, « quel gâchis, quelle tristesse, quel égoïsme, quelle consternation » pour une autre. Cela faisait 40 hivers que l’association gérait le site nordique de la Perdrix, sur les hauteurs de Hauterive-la-Fresse. La raison ? Le refus de passage des pistes exprimé « par une petite poignée de propriétaires / exploitants ». « Il y a toujours eu des conflits, des tensions mais on a toujours été en mesure de s’arranger, notamment en modifiant les tracés. Là, nous ne sommes plus en capacité de le faire », explique Davy Mougin, président du Haut Saugeais Blanc depuis 2018.
« Une prise d’otage »
L’association précise que « depuis deux ans la tension va grandissante concernant l’activité hivernale du site. En effet, la renommée et l’engouement populaire suscités par le site nordique en ont fait un moyen de pression idéal pour certains mécontents du système afin d’exprimer leur opposition aux politiques des différentes collectivités impliquées. L’hiver dernier, la crise s’est accentuée suite à la création d’une commune nouvelle sur notre secteur ». Cette dernière, le Pays-de-Montbenoît, a pris forme officiellement le 1er janvier 2025 et résulte de la fusion des communes de Hauterive-la-Fresse, la Longeville, Montbenoît, Montflovin et Ville-du-Pont.
« Notre ressenti c’est qu’on est victime d’une prise d’otage. C’est un levier pour faire plier les collectivités », poursuit Davy Mougin. Le site de la Perdrix représente 25 km de pistes, passant sur les terrains d’une cinquantaine de propriétaires. « Deux ont exprimé leur refus mais cela représente 70 à 80% des services proposés. Toutes les pistes sont impactées, notamment au départ et à l’arrivée. On n’est plus en mesure de modifier les tracés ». En juin, Davy Mougin a annoncé son départ à l’automne suite « à un sentiment de harcèlement allant jusque dans le cadre privé ».
Une pétition pour sauver le site nordique
Un des propriétaires fonciers qui s’oppose aux passages des pistes de ski de fond sur ses terres a été interrogé par nos confrères de France 3 Franche-Comté. Il évoque un conflit d’usage avec l’activité nordique, des barrières non fermées. « La profession souffre, il faut laisser le monde agricole travailler », indique-t-il. « Dès qu’il y avait des problèmes de barrières, deux heures après, elles étaient fermées. On a modifié, adapté en fonction des conditions de travail des propriétaires. Les arguments qu’on nous oppose sont politiques. On a suivi ce qu’on nous disait, imposait, mais si derrière il y a des problèmes avec les municipalités, nous ne sommes pas en mesure d’agir. Cela ne nous regarde pas », répond Davy Mougin.
Le maire de cette commune nouvelle, Adrien Pellegrini, n’a pas souhaité s’exprimer davantage mais espère que la situation s’arrangera. Le Haut Saugeais Blanc souhaite continuer à agir au niveau des scolaires, des jeunes générations « mais pour ce qui est de l’offre grand public je suis très pessimiste », confie Davy Mougin. Une pétition “Sauvons le site nordique de la Perdrix” a été lancée suite à l’annonce de la fermeture et a déjà récolté plus de 4000 signatures : « Il est impératif de trouver des solutions durables pour sauver le site nordique de la Perdrix, travailler ensemble pour trouver un moyen de dépasser les obstacles et de répondre aux préoccupations de chacun, pour que le site puisse continuer à bénéficier à la communauté », indique l’auteur de la pétition.
