Tout s’enchaîne très rapidement sur notre territoire depuis la confirmation d’un premier foyer de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) à Écleux dans le Jura, début octobre. Plus de 240 bovins ont été abattus dans cette commune située aux portes du Doubs. Un dépeuplement obligatoire, nécessaire pour lutter contre la maladie, que les services de notre département veulent à tout prix éviter.
Lundi 20 octobre, deux réunions publiques d’information ont été organisées à la Saline royale d’Arc-et-Senans. Sur place, le directeur de gestion de crise à la direction de l’alimentation, Olivier Debaere, a tenté d’apporter toutes les réponses possibles aux agriculteurs du territoire, massivement présents et angoissés. La préfecture du Doubs et les services agricoles ont surtout rappelé qu’il n’y a aucune place pour la tolérance dans la lutte pour l’éradication de cette maladie. À commencer par les déplacements d’animaux. « Des sanctions ont déjà été infligées dans le cadre de contrôles routiers effectués par la gendarmerie. Pour rappel, si l’on constate un mouvement d’animaux illégal, c’est 1500 € par bovin transporté », rappelle le préfet Rémi Bastille. Seuls les mouvements validés par l’État après un passage d’un vétérinaire sont autorisés. Impossible pour autant de se déplacer de la zone de protection, établie dans un rayon de 20 kilomètres autour du foyer, vers la zone de surveillance, située entre 20 et 50 kilomètres. Une situation figée pour 45 jours, à compter du dépeuplement d’Écleux. Si la maladie réapparaît ailleurs, le compte à rebours est remis à zéro et c’est une catastrophe pour toute la filière.
130 000 bovins à vacciner
En parallèle, la vaccination des 130 000 bovins présents dans cette zone de réglementation (réunissant les zones de protection et de surveillance) s’intensifie. « 80% des animaux seront vaccinés d’ici la fin de semaine grâce au travail énorme des vétérinaires », ajoute Lionel Malfroy qui pilote le Groupement de défense sanitaire (GDS) du Doubs. Après 28 jours de vaccination, les contraintes deviennent moins importantes. En pleine période de vêlage d’automne, les veaux peuvent et doivent aussi être vaccinés. Ce vaccin immunise pendant un an. « On ne connaît pas encore la stratégie sanitaire sur le long terme, aujourd’hui nous gérons l’urgence », prévient Olivier Debaere. Les exploitations productrices de produits bios auront également des dérogations.
Au-delà de nos frontières, l’Europe et les partenaires commerciaux de la France suivent de près cette gestion de crise. « Si la maladie s’éternise, c’est un très mauvais signal envoyé à tout le monde », ajoute le directeur de la crise. Les enjeux économiques sont conséquents. Dans la salle, ce lundi 20 octobre, une participante s’est élevée pour contester cette politique sanitaire, loin selon elle, de prendre en considération « le bien-être animal ». « Pourquoi ne pas soigner ces animaux plutôt que de choisir de tous les abattre ? ». Réponse simple d’Olivier Debaere : « il n’y a pas de médicament efficace, pas de traitement. On est obligé de dépeupler pour éviter de le faire sur un plus grand nombre plus tard ».