C’est un collectif à l’acronyme évocateur. Pour manifester leur désarroi, les habitants ont constitué le C.H.U.T : Collectif des Habitants Ulcérés par le Tintamarre. Depuis plusieurs années, ils alertent les services de la Ville de Besançon et la Préfecture du Doubs pour « ces nuisances sonores qui affectent leur repos et leur santé » soulignent-ils dans un communiqué de presse publié le 22 octobre.
La mairie et la préfecture aux abonnés absents
Interrogé au printemps dernier, Benoît Cypriani, adjoint en charge de la sécurité et la tranquillité publique se défaussait sur la police nationale : » je suis conscient du problème…mais Besançon doit rester une ville attractive pour les 25 000 étudiants qui ont besoin des bars du centre-ville…pour se défouler ». Et l’adjoint d’ajouter : « la sécurité publique, notamment la nuit, est l’affaire de la Police nationale et non de la police municipale ».
De son côté, la préfecture fait la sourde oreille aux récriminations des riverains, se retranchant derrière une charte de la Vie Nocturne signée initialement en 2014 et mise à jour en 2025.
« Les enjeux liés à la pollution sonore ne sont absolument pas pris au sérieux »

Olivier Blondeau, l’un des riverains concernés dont l’appartement donne à la fois sur le quai Vauban et la rue Claude Pouillet, ne décolère pas : » les mesures effectuées par un sonomètre homologué indiquent 70 à 80 décibels sur la fenêtre de ma chambre côté rue Claude Pouillet. Les services de santé publique de la Ville de Besançon ont constaté les mêmes dépassements ».
Des enjeux économiques également

Mohamed Fadli tient l’hôtel Vauban. Cet établissement 3* dont les fenêtres donnent sur le quai Vauban et la place de la Révolution, vient jusqu’à refuser de louer des chambres donnant sur la place de la Révolution pour ne pas perturber le confort et la tranquillité de ses clients. Une perte de chiffre d’affaires qu’il a porté devant la juridiction administrative, sans résultat à ce jour.
« Nous ne voulons pas la fermeture des bars mais le simple respect de la législation »
Tous les riverains présents ce 22 octobre 2025, ont installé des banderoles sur leur logement « On veut dormir la nuit ». Ils considèrent que la réglementation est suffisamment restrictive pour des nuits apaisées, si certains bars la respectaient.
L’ouverture peut être autorisée jusqu’à 2h du matin, voire 2h30 pour les établissements ayant signé la charte Vie nocturne. Pour autant, tous les bars ne respectent pas l’horaire strict de fermeture. Et le public accueilli boit de l’alcool hors de la terrasse délimitée.
Comme nous le soulignions en mai dernier, la pollution sonore est l’aspect le plus gênant pour les riverains. Mais le quai Vauban est, avec la Citadelle, l’identité patrimoniale majeure de Besançon. Les conséquences d’une musique assourdissante sur le bâti ancien classé pourraient altérer les fondations des habitations et les soubassements du quai.
Là encore, les responsables ne sont pas coupables. L’architecte des bâtiments de France (ABF) se retourne contre le département Patrimoine de la Ville de Besançon.
A quelques mois de l’échéance municipale, le sujet plus global d’un centre-ville apaisé pourrait s’inviter au cœur des programmes électoraux. C’est en tout cas l’objectif souhaité
avec ces banderoles déployées ce 22 octobre par plusieurs membres du C.H.U.T. Les candidats déclarés s’empareront-ils du sujet ? Il faut en tout cas l’espérer.