Après des décennies d’existence et 2 millions de visiteurs depuis son ouverture, le MRD, basé à la Citadelle de Besançon, fait peau neuve. Un besoin qui se faisait sentir, puisque la muséographie, pensée par des témoins (dont Denise Lorach), datait de 1982 et ne répondait plus forcément à certains enjeux actuels. L’historiographie, les connaissances sur la Seconde Guerre mondiale et les techniques de conservation mutèrent en 40 ans. Il fallait donc s’adapter !
Des collections enrichies
Pour valoriser et vulgariser l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, le MRD procède à des collectes. Lancée en 2019, la collecte 39-45 permet d’enrichir considérablement les collections du musée. Ainsi pour le nouveau musée, comme l’explique Aurélie Cousin, chargée de collections au musée, « On se base sur les collections précieuses existantes mais aussi sur de nouvelles possibilités grâce à nos nouveaux donateurs ».
Pendant la fermeture du musée, l’exposition la collecte 39-45 permet aussi de valoriser ce patrimoine et le travail muséal. Cette collecte menée à Besançon s’exportera sur le territoire franc-comtois, comme en avril prochain à Saint-Claude (Jura). Un moyen de réaffirmer la présence du musée sur ces sujets durant sa fermeture.
Depuis sa fondation, ce n’est pas moins de 1600 donateurs qui enrichirent les collections du musée. Mais la réflexion autour de l’ancienne exposition, conçue comme un immense décor, empêchait véritablement d’insérer ces nouvelles acquisitions – la scénographie étant d’une cohérence redoutable. Alors, la restructuration était indispensable.
« On sait qu’on va faire le deuil d’un musée qui a été très efficace », Aurélie Cousin, chargée de collections au musée.
Un musée entièrement restructuré
Alors que les collections sont conservées dans des réserves externalisées, plusieurs personnes s’activent déjà pour que le musée soit prêt pour l’année prochaine. Deux historiens apportent par exemple leur expertise pour les contenus de l’exposition à venir.
En parallèle, débutant officiellement au cours de ce mois de janvier, le chantier devrait se poursuivre durant toute l’année. Ces travaux permettront notamment d’aménager un nouvel accueil et un ascenseur pour la mise en accessibilité du musée. Le discours du musée sera aussi repensé pour être accessible au plus grand nombre.
Des 20 salles de l’ancien musée, il n’en restera que 12, dont 2 dédiées à l’art concentrationnaire (l’art des camps). Avec la nouvelle répartition, des expositions temporaires seront possibles. Il y en aura une par an.
Les politiques de conservation raviront sûrement les habitués du musée, puisque des rotations des œuvres existeront – certaines ne pouvant pas être exposées plus de quelques mois.
La nouvelle scénographie permettra aussi d’inclure des sources nouvelles, dont des témoignages oraux, tout en mettant en avant le concept historique « Individus et sociétés en guerre ». L’objectif est que ce musée d’histoire devienne un outil citoyen.
Aurélie Cousin se veut aussi rassurante : « On sait qu’on va faire le deuil d’un musée qui a été très efficace mais malgré tout, il y avait vraiment ce besoin de se tourner vers les nouvelles générations et de rester fidèle aux anciens. On a essayé de trouver un juste équilibre ».
La scénographie devrait être posée au cours des six premiers mois de 2023.
Le tout, pour un budget de 5 millions d’euros.
Appel à la population
Le sort des 100 fusillés de la Citadelle sera présenté dans la salle répression du nouveau musée, où un poteau d’exécution authentique sera exposé. Afin de permettre ce focus sur ces résistants, un outil multimédia permettra de consulter les biographies de ces résistants fusillés entre 1941 et 1945.
Un gros travail est donc en cours pour essayer de rassembler le plus de sources possible. Ainsi, si vous disposez de documents de la Seconde Guerre mondiale, notamment sur les fusillés de la Citadelle, n’hésitez pas à contacter le MRD. Cette action permettra d’aider les historiens à honorer la mémoire de ceux qui se battirent autrefois pour la liberté.