Besançon. La Ville rend hommage aux femmes ayant marqué l’histoire

En miroir avec la journée de lutte contre les violences faites aux femmes, la Ville de Besançon a baptisé le 26 novembre 2025 un square et une place à deux femmes d’exception ayant chacune marquée leur époque.

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Le 26 novembre 2025, Aline Chassagne adjointe à la Culture de la Ville de Besançon a dévoilé deux plaques rendant hommage à Janine Andrade, violoniste née à Besançon et à Irène Joliot-Curie, Prix Nobel de chimie ©YQ

Janine Andrade et Irène Jolio-Curie entrent désormais dans « le parcours de femmes, des lieux qui rendent leur juste place aux femmes dans nos espaces publics » comme l’a souligné Aline Chassagne, adjointe à la Culture de la Ville de Besançon en dévoilant les plaques qui portent leur nom ce 26 novembre.

Janine Andrade, une violoniste virtuose du milieu du XXe siècle

Née en 1918 à la clinique de la Mouillère à Besançon, elle obtiendra un 1er prix de violon au Conservatoire de Paris en 1931, qui lance une carrière de soliste internationale enchaînant les tournées en Amérique du Sud, au Japon, en Europe ; une carrière interrompue par la seconde guerre mondiale. A 54 ans, elle est victime d’un grave AVC qui la rend paralysée et muette jusqu’à sa mort en 1997. Ses origines bisontines, sa carrière stoppée trop tôt, son talent et sa notoriété retrouvent un espace public à Besançon rue des Cras, dans le quartier des Chaprais.

Irène Joliot-Curie, Prix Nobel de chimie en 1935

Cette scientifique donne son nom à la petite place devant l’entrée de l’école élémentaire qui porte le nom de ses illustres parents Pierre et Marie Curie, rue des Roses dans le quartier de Palente. Irène Joliot-Curie n’était pas seulement « la fille de… ». Chimiste, physicienne et femme politique, elle a reçu le prix Nobel de chimie en 1935 pour récompenser ses travaux sur la radioactivité induite et la radioactivité artificielle. Elle mourra en 1956 des suites d’une leucémie aigüe liée à son exposition au polonium et aux rayons X.

Un parcours de femmes inspirantes

Bisontines ou pas, ces deux femmes ont marqué l’histoire. « Depuis 2020, Besançon a valorisé et rendu hommage à de nombreux parcours de femmes » a conclu Aline Chassagne. L’élue citant Germaine Tillon, Gisèle Halimi, Paulette Guinchard, Hannah Arendt, Julie Considérant sans oublier les statues d’Henriette de Crans, de Colette ou de Jenny d’Héricourt. Même les nouvelles rames de tram rendent hommage à Denise Lorach, Germaine Tillon ou Odile Selb-Bogé.

Dans cette déambulation, on notera l’anachronisme de deux statues dans le square Sarrail. S’y côtoient une plaque rendant hommage à Wangari Muta Maathai, une femme politique kényane, prix Nobel de la Paix pour son action en faveur du développement durable en Afrique, et Pierre-Joseph Proudhon, philosophe, précurseur de l’anarchisme et du socialisme libertaire et aussi grand misogyne qui ne craignait pas d’écrire « une femme qui exerce son intelligence devient laide, folle et guenon » ou encore « il faut absolument qu’un mari impose le respect à sa femme et cela par tous les moyens qui lui sont donnés…la force, la prévoyance, le travail, l’industrie…La femme ne saurait l’égaler ». La statue de Pierre-Joseph Proudhon a-t-elle encore sa place dans une ville qui souhaite tant rendre hommage aux femmes ?

Yves Quemeneur