Un 8 septembre américain

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Dans l’histoire officielle locale de la libération de Besançon le 8 septembre 1944, l’accent est mis essentiellement sur les actions de la résistance locale. Pourtant, ce sont bien les Américains du 6ème corps d’armée qui arrivent à Besançon le 5 septembre. Guidés par les FFI, Ils s’emparent du pont d’Avanne. 4 jours seront nécessaires pour libérer Besançon. 80 soldats américains y trouveront la mort, 28 FFI et 29 civils. De commémorations en commémorations, le sacrifice des GI’s est passé parfois au rang anecdotique sur fond d’anticapitalisme. Deux mois presque jour pour jour avant la libération de Besançon, l’opération Overlord a permis la libération de l’Europe. Surplombant la plage d’Omaha Beach, le cimetière américain de Colleville y rassemble 9 387 soldats américains tombés au combat.

La montée du nazisme a prospéré à partir de quatre éléments

Bien sûr un vieux fond d’antisémitisme concernait une grande partie du continent européen. Un fondement religieux catholique très ancien sur « le peuple juif décide » et un fondement économique anticapitaliste porté par la gauche, notamment le parti communiste sur « les juifs détiennent le capital ». Les pogroms sur les populations juives dans l’empire russe du XIXe siècle puis la politique allemande anti-juive des années 30, ont conduit ces populations massacrées à fuir en particulier en France, accentuant un sentiment antisémite déjà latent sur fond de crise économique et de chômage.

Le pacifisme

Après l’hécatombe de la Grande Guerre et ses millions de morts, le pacifisme est largement partagé dans les années 30 par toutes les classes de la société. Ce pacifisme « collaborationniste » aboutira aux accords de Munich, applaudis par la population française et anglaise. On se souvient du discours de Churchill aux Communes après le retour de Chamberlain « vous aviez le choix entre le déshonneur et la guerre, vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre ».

Le traité de Versailles

Le troisième élément concerne le traité de Versailles signé le 28 juin 1919. Au-delà de l’humiliation des grandes puissances alliées à l’égard de la population allemande, les réparations et sanctions financières représentent une charge insupportable pour la République de Weimar. Elle est incapable d’y faire face. Dès avant son arrivée au pouvoir, Hitler s’était opposé au traité de Versailles, soutenu par une large majorité de l’opinion allemande. La volonté d’humiliation de l’Allemagne de la part de Clemenceau portait les germes de la revanche.

Le Pacte germano-soviétique

Le traité de non-agression entre l’Allemagne et l’Union soviétique signé le 23 août 1939, au Kremlin, en présence de Staline, faisait suite aux accords de Munich de 1938. Il permettait aux deux signataires de se partager la Pologne et les pays baltes. Ce traité a surtout donné à Hitler les moyens militaires de concentrer ses troupes sur le front de l’Ouest, permettant ainsi la débâcle de 1940.

L’Histoire s’écrit toujours par les vainqueurs. De Jules César à Charlemagne, de Clemenceau à la Résistance française !

Yves Quemeneur