Chacun son métier

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Aujourd’hui, chaque centimètre de décision politique suscite deux mètres de commentaires. Comme ces commentaires s’opposent, ils nécessitent derechef des kilomètres d’arguments irréconciliables pour aboutir -in fine- à une grosse fatigue prélude -enfin- à un sommeil réparateur.
Dans une fable publiée en 1792, Florian, fabuleux fabuliste aujourd’hui oublié termine « Le Vacher et le Garde-chasse » par cette conclusion édifiante : « Chacun son métier et les vaches seront bien gardées ».
Je vous la fais courte. Et avec beaucoup moins de talent… C’est l’histoire d’un garde- chasse épuisé de poursuivre en vain un chevreuil. Il rencontre un vacher à qui il confie sa détresse. Le vacher compatit et propose un échange : tu gardes mes vaches et je poursuis ton chevreuil. Las-moi ! L’affaire tourne mal : le vacher blesse gravement le chien du garde-chasse, laisse s’échapper le chevreuil et quand il retourne à son pré il trouve son obligé endormi, toutes vaches envolées ou plus probablement et tout bonnement volées.
Il est vrai que chaque métier nécessite des compétences qui lui sont propres. Cette
évidence se retrouve dans la temps et dans l’espace. Ainsi Gabriel Meurier déjà en
1568 disait « Qui se mesle d’autruy mestier, il trait sa vache dans un panier ». Une
triste façon de gâcher la marchandise !
Chez la plupart de nos voisins c’est le p’tit cordonnier qu’a eu la préférence et qui est prié de s’en tenir à son métier.
Allemands, anglais, hollandais et même hongrois nous disent qu’un cordonnier doit se tenir à sa forme. Les espagnols sont plus directs encore : cordonnier, à tes chaussures ! Et les portugais renchérissent : chaque singe sur sa branche !
Me voilà convaincu. Il devient nécessaire pour moi de terminer ici ce bavardage.

Par le Docteur Gérard Bouvier