La mobilisation autour de cette journée internationale des droits des femmes a rarement mobilisé autant d’acteurs dans la capitale franc-comtoise. Une dizaine d’associations réunies au sein du Collectif 8 mars, épaulées par la Ville de Besançon et le Département, ont organisé un large programme d’actions dès le vendredi 7 mars. Celui-ci s’étend jusqu’au mois d’avril. « Des organismes de la culture et du sport se joignent à nous cette année avec Le Bastion, L’UNSS ou encore l’Académie Martiale Octopus », souligne Eva Bronnenkant, co-présidente de l’association Solidarités Femmes 25, qui y voit un symbole fort. « Plusieurs affaires de violences sexistes et sexuelles ont éclaté dans ces milieux. La place de la Femme est un vrai débat et en parallèle, notre visibilité grandit. Cela créé de nouveaux liens et une nouvelle vitrine pour nos revendications rattachées à cette date symbolique ». Parmi la série d’ateliers, conférences, débats, expositions ce 8 mars à travers toute la ville, le village des femmes installé à Granvelle fait office de centre névralgique de la journée.
Les droits des femmes, toujours liés à la lutte contre les violences
Les droits et la place de la Femme dans la société, autant de thématiques particulièrement défendues ces derniers mois dans le cadre d’une autre journée, celle de la lutte contre les violences faites aux femmes le 25 novembre, et la commémoration des 50 ans de la Loi Veil, le 17 janvier dernier. « Elles ne font pas écho aux mêmes références historiques mais sont liées », commente Valérie Haller, conseillère municipale chargée de la lutte contre les discriminations et les droits des femmes. « Depuis le début des années 2000, on met en évidence que ces violences sexistes et sexuelles sont systémiques et liées au patriarcat. C’est le même mécanisme d’emprise et de pouvoir sur l’autre que l’on retrouve aussi avec les enfants. La journée des Droits des Femmes porte aussi d’autres revendications : l’égalité salariale avec des premières lois datant des années 1980, l’accès à l’emploi, la parité en politique, la santé ou le partage des tâches domestiques », poursuit Eva Bronnenkant.
La Maison des femmes pour l’égalité fonctionnera en mars 2026
À Besançon, ce 8 mars 2025 est aussi l’un des premiers événements majeurs pilotés par La Maison des femmes pour l’égalité, un an après l’inauguration de l’association de préfiguration créée par Solidarités Femmes 25 et le Centre d’information sur les droits des femmes et des familles du Doubs (CIDFF). Depuis, son financement par l’épargne des citoyens (jusqu’à 4000 € par personne, ndlr) a dépassé toutes les espérances et l’établissement devrait fonctionner au mois de mars 2026, rue Jean Wyrsch. « On avait prévu 450 000€, on est monté à 700 000 € », se réjouit Valérie Haller. Un lieu d’accueil entièrement dédié aux femmes cherchant de l’aide. À l’intérieur de cette structure installée sur plus de 1 000 m2, plusieurs associations et organismes proposeront un large panel de services et de compétences psychosociales, juridiques, médicales, pour l’insertion professionnelle ou encore le soutien à la parentalité.
Autre mise en lumière des femmes particulièrement intéressante pour notre territoire : le joli travail réalisé par l’Écomusée Maison Michaux à Chapelle-des-Bois, retraçant l’histoire des femmes du Haut-Doubs et du Haut-Jura (voir pages locales de l’édition Haut-Doubs en semaine 11, ndlr). L’occasion de retracer la vie et la place des habitantes du territoire du XIVe au XXe siècles grâce à l’exposition « Et si nous vous parlions des femmes ».
Un travail d’éducation et de sensibilisation dès le plus jeune âge
À Pontarlier, la Ville n’a pas organisé d’événements le 8 mars mais Bénédicte Hérard, adjointe en charge des Solidarités et du CCAS (centre communal d’action sociale), l’assure, le travail sur l’égalité hommes-femmes se fait toute l’année. « On travaille en partenariat avec le CIDFF, on organise des expositions. On a une semaine sur les droits des femmes, la vie intrafamiliale où on fait de la sensibilisation. On a différents programmes pédagogiques. La collectivité est régie par la fonction publique territoriale donc il y a moins de problème de rémunération ». La Ville embauche des femmes, mais il y a encore des services essentiellement masculins et féminins. « On a beaucoup de femmes dans les services liés au social. On adorerait avoir aussi des hommes. Ce qu’on regarde, ce sont les compétences ».
À l’école Joliot-Curie, une classe ambassadrice permet de sensibiliser les écoliers dès le plus jeune âge sur l’égalité hommes-femmes. Pour Carole Ely, directrice du CIDFF du Doubs, il est important d’intervenir tôt en milieu scolaire. « Si on intervient dès le plus jeune âge, on peut faire comprendre que la fille est l’égal du garçon. Par exemple, en disant qu’un garçon a aussi le droit de pleurer, qu’une fille peut jouer au foot. On déconstruit. Dès 8, 9 ans, ils ont déjà intégré que filles et garçons sont différents, il y a déjà une construction très genrée ».
Avec le CIDFF, des tables rondes sont animées, des interventions sont réalisées en milieu scolaire, par exemple les lycées Toussaint Louverture et Xavier Marmier de Pontarlier. Au lycée, le CIDFF va plus sensibiliser autour des violences sexuelles, physiques, psychologiques, sur la question du consentement, et à l’université autour du harcèlement. « Quand on regarde les violences faites aux femmes, on comprend que ça se construit dans une domination patriarcale. Dans la société, on se dit que ce n’est pas grave si une femme gagne moins d’argent, qu’elle n’a pas besoin d’accéder à un post de cadre. Ce sont des violences systémiques, il faut lutter contre ces violences pour trouver une égalité réelle. Dès qu’il y a maltraitance voire meurtre, il y avait des inégalités tout du long », analyse Carole Ely. Un discours partagé par toutes les associations et organismes au cœur de ce mouvement du 8 mars et un combat qui prend encore plus de sens à l’heure actuelle, pour Eva Bronnenkant. « Il ne faut pas se leurrer, avec le contexte actuel et cette résurgence forte des milieux et valeurs réactionnaires, ces questions doivent continuer d’exister ».