Pouvez-vous d’abord définir la santé mentale ?
C’est l’une des dimensions à part entière de la santé en général. l’Organisation Mondiale de la Santé la définit comme un état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté. L’aptitude à s’adapter à son environnement est une composante très importante. Et, on parle souvent d’avoir un esprit sain dans un corps sain, il est donc important que la santé mentale soit au diapason de la santé physique.
Est-elle plus fragile qu’autrefois ?
Aujourd’hui, elle est en effet plus mise à mal que par le passé. Le monde change très vite, surtout depuis le début des années 2000 avec notamment une accélération des activités numériques, sans oublier l’épisode de la crise sanitaire de la Covid qui a fait de gros dégâts sur des personnes de tous les âges. Ces deux années particulières ont engendré des décès, dus à la maladie elle-même mais pas seulement, et beaucoup d’isolement surtout chez les jeunes et les personnes âgées.
Comment se manifestent ces problèmes de mal-être ?
Par des épisodes de dépressions et d’anxiété, par exemple dans le milieu professionnel où cela se traduit par des arrêts nombreux et répétés pour maladie voire des burn-out. A l’école, l’absentéisme est un signal qui doit alerter tout comme les moments de déprime inexpliquée… tout cela a conduit ces dernières années à une recrudescence des suicides. Nous avons aussi d’autres indicateurs comme l’augmentation importante du nombre de consultations chez les psychologues et les psychiatres ou encore l’accroissement des demandes d’accueil dans des logements accompagnés.
Le gouvernement a annoncé faire de la santé mentale la grande cause nationale de 2025… c’était attendu ?
C’était surtout demandé depuis un moment déjà puisque dès l’été 2023, un collectif qui regroupe aujourd’hui plus de 3000 associations et structures comme la nôtre qui s’occupent de santé mentale, de professionnels de la psychiatrie, de chercheurs et d’entreprises en avait fait la demande au gouvernement d’alors. C’est donc aujourd’hui une reconnaissance pour nous tous de voir cette demande aboutir. On a entendu dans le discours de politique générale de Michel Barnier la volonté de déstigmatiser les souffrances psychiques, d’améliorer la prévention, le repérage ainsi que l’accompagnement et enfin de soutenir la psychiatrie, parent pauvre de la médecine en France. Nous savons et demandons tout cela depuis longtemps mais on se dit enfin, donc attendons de voir la suite…
Qu’en attendez-vous concrètement ?
J’espère que faire de la santé mentale une grande cause nationale va permettre de mobiliser tous les acteurs concernés mais aussi et surtout de financer les bonnes intentions annoncées. Pour prendre l’exemple des Invités au Festin, nous espérons pouvoir développer l’accueil de jour et l’accompagnement à domicile. Augmenter aussi notre présence sur le terrain pour aller sensibiliser en milieu professionnel et scolaire. Nous voulons aussi former un maximum de personnes aux premiers secours en santé mentale. C’est ouvert à tout le monde et cela permet ensuite quand on est confronté dans le cadre personnel ou professionnel à une situation de détresse d’avoir les bons réflexes, pour rassurer d’abord puis en conseillant et orientant la personne.
Localement, vous avez des projets suite à cette annonce ?
A Besançon en effet, nous allons créer une campagne de communication pour faire écho à cette décision. Avec la municipalité, un affichage urbain décliné sur différents types de supports, panneaux print et digitaux, a été planifié à partir de fin janvier 2025 ainsi qu’un relais presse et réseaux. Nous interviendrons également sur un stand d’information sur la santé mentale au Restaurant Universitaire Lumière les 20 et 21 janvier 2025 et prévoyons différents événements au fil de l’année comme des webinaires, animations au sein de notre friperie Fous de Frip et rencontres. Nous espérons décliner cette campagne là où les Invités au Festin sont présents, à savoir Maiche, Morteau et Baume Les Dames. Il va falloir profiter pleinement de cette année 2025 pour faire changer les mentalités, lutter contre les préjugés et favoriser une meilleure prise en charge. Un Français sur quatre est ou sera concerné par des troubles psychiques au cours de sa vie, ce n’est pas anodin et il était donc temps de faire de la santé mentale une Grande Cause nationale.