Grand Besançon. Livres dans la Boucle : après la polémique, Raphaël Enthoven a fait salle comble avec L’Albatros

Une surveillance policière particulière et stricte rappelait la récente polémique sur la venue du philosophe au festival du livre de Besançon. Bien vite oubliée par les propos emplis d’émotion et d’amour de l’écrivain, venu présenter son dernier livre "L’Albatros" (Éditions de l’Observatoire) sur la fin de vie de sa mère.

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Raphaël Enthoven évoque dans ce livre intime le récit des dernières années de la vie de Catherine David et sa lutte contre une maladie dégénérative qui l’entraînera dans la mort en 2023.

« Pourquoi être saisi d’effroi alors que l’on croit tout faire »

Quand une personne chérie est privée de l’usage normal de son corps, quand son esprit tend à s’oublier, quand la maladie de Parkinson prive une pianiste de l’usage de ses mains, tout semble futile à son entourage pour tenter « des accommodements avec la douleur ».

Dans la présentation de son livre dans le grand amphithéâtre du Conservatoire Régional de Besançon, Raphaël Enthoven évoque également « les rapports violents ou décevants avec les médecins devant la maladie ». Sa mère hospitalisée et le fils « qui s’en voulait de ne pas venir, en jouant de la perte de mémoire de sa mère pour lui faire croire le contraire ». Ses propos font écho à de nombreuses histoires personnelles quand il ajoute « le personnel soignant nous dit – ne venez pas, c’est l’heure des soins – c’est justement à ce moment qu’il faut être présent ».

« Pour la pianiste, la maladie révèle la dégradation des facultés de ma mère », souligne Raphaël Enthoven. Il renvoie à la lecture du dernier essai de sa mère déjà malade « lettre ouverte à ma main gauche », annonce de la paralysie prochaine. « On meurt seul même en se tenant la main. Le problème n’est pas la main mais la mort »

Pour Raphaël Enthoven, « la philosophie n’est consolatrice que sur le papier ». Il conclut son entretien « ce livre n’est pas une consolation, c’est la plaisir d’en parler qui console de la douleur…d’où ma grande douleur d’avoir été déprogrammé pour en parler à Besançon ». Le public, très nombreux, l’a applaudi longuement. Une standing ovation suivie d’une séance de dédicaces au défaut d’être présent sous le chapiteau des auteurs.

Yves Quemeneur