Grand Besançon Métropole lance un programme de méthanisation

Le Conseil communautaire du 14 décembre 2023 avait à statuer sur un Appel à Manifestation d’Intérêt (AMI) concernant la mise en place de deux unités de méthanisation

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La méthanisation, une énergie renouvelable et propre ? ©DR
Un plan Climat ambitieux

La Communauté urbaine de Grand Besançon souhaite devenir un territoire à énergie positive en 2050. Cette ambition passe à la fois par une réduction de la consommation énergétique (toutes énergies confondues) et par le développement des énergies renouvelables (éolien, hydraulique, photovoltaïque et biogaz)

La production de biogaz local et renouvelable grâce à la méthanisation

Le schéma directeur des énergies de Grand Besançon Métropole a identifié un gisement potentiel de 12 méthaniseurs sur le territoire. Il affirme sa volonté de construire à minima 2 unités de méthanisation à l’horizon 2027. Selon Anthony Nappez, conseiller communautaire en charge des bâtiments, du patrimoine et des réseaux de chaleur, l’unité actuelle de Port-Douvot assure 1% des besoins en gaz de l’agglomération. « Notre objectif est d’atteindre 5 à 10% du gaz distribué sur GBM en traitant 2 000 à 2 500 tonnes de déchets par an et par unité de méthanisation ».

Aux côtés de GBM, GRDF principal gestionnaire de réseau de distribution de gaz naturel en France et la Chambre d’Agriculture du Doubs et Territoire de Belfort, sont associés à la démarche.

La méthanisation, un outil vertueux au service de la transition énergétique

Il s’agit de produire localement une énergie vertueuse au profit des consommateurs de gaz (chauffage, transport routier ou process industriel). Le but est également de réduire les polluants atmosphériques et les émissions de gaz à effet de serre.

Grand Besançon Métropole impose des critères stricts pour le développement des unités de méthanisation : favoriser des démarches collectives entre plusieurs exploitations agricoles, utiliser des intrants collectés dans un rayon maximum de 40 km et n’apporter des cultures intermédiaires à vocation énergétique qu’à hauteur de 30% de la surface agricole utile. En outre, l’utilisation du digestat (boue résiduelle après méthanisation) est une alternative à l’utilisation d’engrais chimiques.

Une solution magique ?

Dans l’éventail des alternatives aux énergies fossiles, le biogaz semble présenter de nombreux atouts mais a aussi de sérieux adversaires.

Les écologistes prêchent plutôt sur la réduction du nombre de bovins et donc de production de lait. Ils considèrent que la rumination des vaches crée une fermentation qui produit du méthane, « le rot des vaches », responsable de 5% des gaz à effet de serre émis en France. Mais en contrepartie, l’herbe de pâtures consommée par les ruminants (jusqu’à 80% de leur alimentation) capture le CO² et le transforme en glucides. Au final, le méthane rejeté par les vaches est compensé par le stockage de CO² dans le sol des prairies.

Les agriculteurs de la filière Comté seraient réticents à utiliser le digestat issu de la méthanisation, pour améliorer l’image d’un fromage exporté dans le monde entier.

De son côté, le groupe Bel franchit un nouveau pas vers un lait à faible teneur en méthane. « Un additif alimentaire révolutionnaire permet de réduire d’environ ¼ les émissions de chaque exploitation » promet le groupe lédonien. Testé sur leur bassin laitier en Slovaquie qui fournit 70 millions de litres de lait par an pour fabriquer les Babybel distribués en Europe centrale et au Royaume-Uni, l’additif est également testé en France.

Enfin, les unités de méthanisation doivent être localisées à proximité du réseau de gaz, mais à distance respectable des habitations du fait des nuisances occasionnées par le transport des intrants en amont et celui du digestat en aval, même si les opérateurs d’unités de méthanisation garantissent peu de nuisances olfactives.

Yves Quemeneur