William et Darell Dupuis

Il n’a pas immédiatement eu le temps de savourer la nouvelle. Quand William Dupuis a répondu au gendarme de Levier à l’autre bout du téléphone, le temps a repris son cours : « il m’a dit que mon fils était à l’aéroport de Zurich et que je pouvais aller le chercher. J’ai sauté dans ma voiture, je suis passé chercher ma mère et on a tracé. Il y a 3 heures de route pour y arriver, ce fut les plus longues de ma vie ».

11 mois d’enlèvement

Une horloge arrêtée depuis le 17 décembre 2021, le dernier jour passé avec son fils Darell. Depuis, l’ex-compagne de William était partie avec l’enfant, sans ne donner aucun signe de vie. « Cette dernière semaine je commençais vraiment à flancher, son retour est un bonheur indescriptible », confie le papa. « Il y a eu des câlins des embrassades, des larmes. Je n’ai jamais lâché et Darell a fait preuve d’une force mentale inouïe. ».

La tête bien ancrée sur ses épaules, l’enfant de 11 ans impressionne par sa clairvoyance après avoir subi des mois de voyage et de bourrage de crâne intensif. Parti pour les fêtes de fin d’année, Darell Dupuis a finalement vécu un périple de 11 mois à travers le monde entier. Au Népal d’abord, puis Dubaï et l’Inde. Tant de données collectées par les autorités suisses au fil des semaines depuis le signalement de William Dupuis mais aussi racontées par Darell.

« Au début ma mère m’expliquait qu’on partait en voyage, sans trop détails. Au fil des jours je m’inquiétais, je voulais revoir mon père et ma famille. Quand je posais des questions elle esquivait ou répondait à côté puis elle a commencé à s’énerver. »

Il tape son nom sur Google et découvre la vérité

Les doutes s’accentuent au fil des jours passés au Népal. « Je pleurais beaucoup, j’ai imaginé des moyens de m’échapper mais ma mère prenait la clé de la chambre. Elle m’a demandé de choisir. Si je partais, elle sautait par la fenêtre. ». Darell se retrouve pris au piège par sa propre mère. Alors le jeune homme raconte être rentré dans son jeu pour éviter des problèmes, sans jamais renoncer à rentrer chez lui, en France.

Parfois sa mère lâche quelques explications ahurissantes : « elle me disait que ce n’était pas mon vrai père, qu’il avait voulu la tuer, que son autre compagnon avait voulu la violer. » Tourmenté par de tels propos, Darell garde la tête froide : « elle n’avait jamais de preuves. En arrivant en Inde j’ai recherché mon nom sur internet pour trouver d’anciennes photos et j’ai découvert les articles des médias français et la vidéo de mon papa qui n’avait aucune nouvelle. J’ai pleuré en découvrant tout ça. »

Sa mère adepte d’une fondation spirituelle aux dérives sectaires

Darell découvre en Inde la vraie raison de ce voyage : sa maman est une adepte de la Fondation Isha, organisme spirituel créé en Inde par Sadghuru, qui compte des millions de fidèles dans le monde entier. Cette fondation et son gourou font aussi l’objet de nombreuses controverses et dérives, comme celle vécue par Darell. « Elle a cette croyance et m’a dit que mon vrai père était Sadghuru, qu’elle n’était ni un homme ni une femme, que nous vivions dans un monde parallèle, que j’étais la réincarnation d’un dieu … Comme je n’y croyais pas elle s’énervait. Quand on allait aux temples indiens, elle entrait en état de transe lors de ses prières, c’était vraiment bizarre ».

Après des mois en Asie, Darell et sa maman tente d’entrer sur le sol Américain, pour un concert à Los Angeles. Le mandat d’arrêt international fonctionne et à partir de cet instant, le duo ne pourra retourner nulle part ailleurs qu’en Suisse, où des policiers les attendent à l’aéroport de Zurich. « J’étais très fatigué et je me suis endormi. À mon réveil mon père était là. » confie l’enfant de 11 ans.

Le cauchemar enfin terminé, Darell a retrouvé sa chambre à Sombacour et ses cadeaux de Noël 2021. Le collégien devrait retrouver l’établissement de Levier et ses amis dans quelques semaines.

M.S