Élections législatives 2024 : réélue, Annie Genevard fait mieux qu’en 2022

Après un premier tour très serré, la députée des Républicains est réélue dans la 5e circonscription avec 62,29% des suffrages exprimés mais surtout 35 576 voix, soit près de 13 000 votes supplémentaires par rapport à 2022. Une forte augmentation liée une hausse de la participation et un ancrage local de l’élue. C’est aussi et surtout un barrage républicain qui a permis un conséquent report des voix du centre et de la gauche, contre le RN.

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Annie Genevard. Photo DR

Dans la 5e circonscription l’entre-deux-tours est plus que flou. D’abord par les résultats du dimanche 30 juin. Florianne Jeandenand, candidat du Rassemblement National (RN), talonne la députée sortante avec 851 d’écart et dépasse même Annie Genevard d’une courte tête à Pontarlier, chef-lieu de la circonscription. Si l’élue Les Républicains (LR) manifeste sa confiance en s’appuyant sur l’augmentation de son nombre de voix par rapport à 2022 (environ 3500 de plus, ndlr), la tension est bien visible dans ses rangs. L’appel à un barrage républicain au niveau national rassure tout le monde.

Un barrage républicain conséquent

Au niveau local, Lucas Boillot, candidat Renaissance ayant obtenu 12,41% des suffrages exprimés partage la position de Gabriel Attal : « pas une voix au RN ». Une annonce publique sans condition malgré sa demande répétée de voir Annie Genevard « clarifier sa distance avec le RN alors que depuis deux ans, nombreuses sont leurs idées communes. » Mathieu Cassez, candidat pour le Nouveau Front Populaire va plus loin. Après avoir manqué de peu le second tour (11,39% des suffrages exprimés), il appelle clairement « à glisser un bulletin Les Républicains dans l’urne dimanche. […] Je vous fais confiance pour discerner nos opposants politiques des ennemis mortels de la République et ce malgré toutes les compromissions de Mme Genevard. Je souhaite qu’elle donne des gages à notre électorat, afin qu’aucune voix ne manque le 7 juillet ».

Une demande aussitôt rejetée par l’intéressée : « […] M. Cassez peut faire les déclarations qu’il veut. Je n’ai absolument rien de commun avec LFI. Les électeurs de la 5eme circonscription du Doubs me connaissent et ils se détermineront sur mon travail et mes convictions ! », écrit la députée sur ses réseaux sociaux. 

Malgré ces échanges de façade, les électeurs eux, construisent un barrage républicain plus solide que jamais. Ils sont plus de 35 576 à voter Annie Genevard dimanche 7 juillet, soit 62,69% des suffrages exprimés. C’est 15 220 voix supplémentaires pour l’élue par rapport à sa victoire en 2022 et quasiment le nombre de votes récoltés par Lucas Boillot et Mathieu Cassez lors du 1er tour, ce dimanche 30 juin 2024. La candidate est arrivée en tête partout ou presque lors de ce second tour. Dans son fief à Morteau, Annie Genevard culmine même à 71,87% des suffrages exprimés. Près de 57% à Valdahon, 68,87% à Pontarlier, 54% à Mouthe et Frasne, 65% à Métabief, 52% à Levier…

Avec 37,31% de suffrages exprimés sur l’ensemble de la 5e circonscription, Florianne Jeandenand (RN) ne bénéficie pas d’un réservoir suffisant. Seulement 1668 voix supplémentaires s’ajoutent entre le 1er et 2nd tour de ces élections législatives. « C’est uniquement ce barrage anti-démocratique qui fait gagner Annie Genevard. Elle était aussi plus implantée que moi, depuis plus longtemps. Nous avons manqué de temps pour nous montrer. », concède la candidate qui voit déjà plus loin pour l’avenir. « Je continue mon militantisme en attendant les prochaines échéances en 2027, où je serai à nouveau candidate si le parti accepte. Les élections municipales ? Là où j’habite, il y a déjà un maire qui fait très bien son travail. »

Photo DR/Hebdo25

Un nouveau parti pour la droite ?

Ce lundi 8 juillet, Annie Genevard entame donc son 4e mandat de députée de la 5e circonscription du Doubs. Une élue LR refusant – pour l’instant – tout compromis avec une autre formation. La guerre interne chez Les Républicains a laissé de nombreuses traces et les règlements de comptes vont débuter avec la création d’un nouveau parti. « Une nouvelle offre politique pour pérenniser la droite et préparer 2027 », glisse l’intéressée. S’émanciper pour ne pas être absorbé. 

Dans le Doubs, le RN se déploie dans le Nord…

Les Républicains ressortent plus solides et plus indépendants de ces élections législatives au niveau national (voir dossier de la semaine). Dans le Doubs, Annie Genevard a d’abord dû gérer la « trahison » de son secrétaire départemental Matthieu Bloch, qui a décidé de rejoindre Éric Ciotti dans son alliance avec le Rassemblement National. Un choix qui a porté ses fruits puisque le maire de Colombier-Fontaine bat le député sortant Nicolas Pacquot (Renaissance) dans la 3e circonscription (Baume-les-Dames, banlieue sud de Montbéliard et Maîche). Il y avait 450 voix d’écart en faveur du candidat macroniste en 2022 quand dimanche, le candidat LR-RN a remporté la circonscription avec un peu plus de 600 voix… sur 44 731 votants et un taux de participation à 69%.

Le Rassemblement National compte désormais deux territoires dans le Doubs avec la réélection de Géraldine Grangier, dans la 4e circonscription (Sochaux, Étupes, Audincourt, etc). Cette fois, l’élue semble bien plus implantée qu’en 2022 où elle avait décroché la victoire de justesse face au candidat macroniste. Ce dimanche 7 juillet, Géraldine Grangier s’est imposée avec 54,85% des suffrages exprimés face à la candidate du Nouveau Front Populaire Magali Duvernois. Elle récolte près de 10 000 voix supplémentaires en deux ans. À Besançon, les candidats RN ont également réalisé un score historique, sans parvenir à dépasser leurs adversaires. Au cœur d’une triangulaire dans la 1e circonscription, Thomas Lutz (32,31%) termine deuxième derrière le député réélu Laurent Croizier (MoDem.Ensemble – 36,18%). Dans la 2e circo, Dominique Voynet (EELV.Nouveau Front Populaire – 59,95%) s’impose face à Eric Fusis qui franchit toutefois la barre des 40%.

 

…en Franche-Comté, seul le Jura résiste à la vague, non sans mal

Avec les deux circonscriptions de la Haute-Saône conservées par Éric Salmon (élu dès le 1er tour avec 50,11%) et Antoine Villedieu (53,54%) et celle remportée dans le territoire de Belfort avec le candidat parachuté Guillaume Bigot (50,59%), le Rassemblement National compte désormais 5 circonscriptions sur 12 en Franche-Comté.

Seul le Jura, grâce au barrage républicain, a stoppé la vague RN à ses frontières, non sans mal. Dans les trois circonscriptions du département, les candidats du Nouveau Front Populaire ont dû se désister au profit des députés sortants qui ont pu s’imposer. Le trio du Rassemblement National réalise toutefois 43% dans la 1ere et 3ecirconscriptions du Jura et 35% dans la 2nd .