À peine a-t-il eu le temps de résumer un ordre du jour immensément long, que le maire de Pontarlier Patrick Genre s’est frotté aux piques lancées par l’opposition du conseil. « Avec 68 délibérations aujourd’hui, sans conseil en novembre, ni en janvier, ni en février, c’est une organisation qui ne permet pas d’avoir des débats sereins et une activité démocratique de qualité. » résume Julien Toulet. « C’est votre point de vue, nous suivons simplement l’actualité et les besoins des services exprimés. », se contente de répondre le maire.
Un turn-over conséquent et une rumeur
Un échauffement très vite suivi du premier round, une vingtaine de minutes plus tard. Le vote d’une commande groupée entre la municipalité et le Grand Pontarlier comprend notamment une vidéo promotionnelle de la Ville, de la CCGP et du CCAS, destinée aux territoires extérieurs pour attirer du personnel. L’opposition ne reproche pas son prix, 10 000 €, mais cherche davantage à comprendre pourquoi les collectivités n’arrivent pas à conserver leurs employés. « La zone frontalière, la Suisse et son attrait financier, la qualité de vie au travail, sont souvent présentées comme des explications. Pourtant nos agents partent pour d’autres villes, elles aussi frontalières. Nous avons donc deux questions : quels éléments attractifs allez-vous présenter aux futurs postulants ? Entre 2020 et mars 2023, on peut observer 147 nouvelles entrées pour 149 sorties dont 38 départs en retraite. 30% des agents sont partis sur une période de trois ans. Pour le mois de septembre 2023, il y a 21 départs tous motifs confondus. Pour quelle raison ne restent-ils pas ? », lance Martine Droz-Barthelet.
Une analyse qui semble agacer le maire. « Il s’agit des chiffres pour la Ville ou à la CCGP, que l’on soit clair quand on présente quelque chose », répond-t-il sur un ton rapide et clair, comme s’il sentait le coup venir. « C’est un constat général qui n’est pas unique aux collectivités, adressez-vous aux commerçants, aux entrepreneurs privés de petites et moyennes tailles comme aux plus grands groupes du secteur. […] Nous avons tous les mêmes difficultés dans un bassin d’emploi à 4,6% de chômage, nous sommes en zone de plein emploi. Ces départs sont souvent pour des projets personnels comme une création d’entreprise. […] Il n’y a pas de départ massif pour des raisons X ou Y comme on veut l’entendre, bien sûr parfois il y a des mésententes entre personnes mais ce n’est pas le fond du problème. » Une rumeur citée par le maire pour la première fois officiellement en conseil municipal. « Pour attirer, nous avons des éléments notamment financiers, avec des aides, un nouveau régime indemnitaire est prévu pour les agents en 2024, nous travaillons sur une prime vie chère, nous allons compenser la suppression des jours de congés dits d’ancienneté ou de médaille (voir pages locales) On essaye mais la volatilité du personnel est une réalité », poursuit Patrick Genre.
Gérard Voinnet et le « mépris des associations culturelles »
Après les différents votes autour des finances, un rapport tardif sur l’accessibilité en 2022 ou encore le bilan d’Octobre Rose 2023 (voir pages locales), un nouveau débat s’ouvre autour des tarifs de différents lieux socioculturels, comme la médiathèque ou le musée. Le groupe Pontarlier Ville Écologique et Solidaire souhaite une gratuité totale, à l’heure où des multiples actions et certaines périodes génèrent un trafic gratuit et que plusieurs groupes comme les scolaires par exemple, peuvent s’y rendre librement. « Une gratuité pour tous pourrait attirer plus de monde », insiste Gérard Voinnet. L’intéressé profite également de ce point pour ouvrir le débat sur les difficultés financières de certaines associations pontissaliennes, selon lui. « Si l’on regarde les subventions accordées aux associations entre 2012 et 2022 compte tenu de l’inflation ça correspond à une baisse de 15% de l’ensemble des subventions aux associations. » Un décompte trop simpliste, que ne manque pas de relever Bertrand Guinchard. « Vous êtes doué pour jouer avec les chiffres. Quand vous prenez cette évolution, vous comptez notamment ce qui a le plus augmenté c’est-à-dire les fluides, or c’est pris en charge par la Ville, tout comme l’inflation dans nos budgets. »
Oubliant la charte des associations et entêté dans un exemple bancal (NDLR : le conseiller ne comprend pas pourquoi des associations doivent verser une caution de 600 € pour louer l’espace Pourny alors que chacune doit avoir une assurance de responsabilité civile) pour justifier un prétendu mépris envers les associations, Gérard Voinnet énerve la majorité. « Vous vous entendez ?! Parce que c’est associatif, c’est open-bar chacun fait comme il veut ? Certainement pas ! », coupe net Patrick Genre. « Je ne comprends pas ce mauvais procès parce que vous ne savez pas quoi dire ! ». « Sur la délibération des équipements culturels, on demande simplement que soit noté l’application de la charte dans les tarifs, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui », tempère Julien Toulet, pour l’opposition. Un complément noté lors de la délibération avant que le maire n’ajoute. « Comment voulez-vous qu’une commune fonctionne si tout est gratuit […] Je vous laisserai faire un jour le budget ». Preuve que les éléments apportés par Gérard Voinnet n’ont pas fait l’unanimité y compris dans son propre camp, l’opposition n’a pas été unanime sur ce point, validé à la majorité.
M.S