« On a un budget honorable par rapport à la situation », affirme Philippe Alpy, président du syndicat mixte Mont d’Or (SMMO). L’heure est au bilan de la saison hivernale de la station de Métabief, avec son nouveau périmètre. En septembre, le Département avait acté la fermeture des remontées mécaniques du secteur Piquemiette dès l’hiver 2024-2025 (représentant 30% du domaine), après une saison 2023-2024 catastrophique, à l’issue de laquelle il avait dû combler un manque à gagner à hauteur de 2,8 millions d’euros. Cette année, la station boucle sa saison avec un chiffre d’affaires en recul de 2,5% par rapport à la moyenne des quatre dernières saisons. « On est à l’équilibre, on ne sollicite pas les collectivités. Maintenant il faut qu’on travaille pour regagner du capital ».
À LIRE ÉGALEMENT : Haut-Doubs. Station de Métabief : se renouveler ou disparaître
40% du chiffre d’affaires en 15 jours
Il y a eu 88 jours d’ouverture, « c’est assez impressionnant pour seulement six jours de chutes de neige », rappelle le président. Au total, la station a bénéficié d’environ 110 cm de neige cumulée, la moyenne des cinq derniers hivers s’élevant à 88 cm. Les bonnes conditions météo à Noël ont permis de voir affluer de nombreux visiteurs. 40% du chiffre d’affaires a été réalisé au 5 janvier. « Après, ça a été plus compliqué ». Pour continuer à ouvrir jusqu’au 16 mars, 150 000m3 d’eau ont été utilisés pour la neige de culture, correspondant à un plan de production « normal ». « Le nouveau périmètre qu’on a est adapté. Tant qu’il y aura de la neige, on peut travailler ».

Recapitaliser sur la confiance
124 445 titres ont été vendus, incluant les piétons, les forfaits de ski et la luge des Cimes, le ski représentant 71% des titres vendus. Cette fréquentation affiche une baisse de 10% par rapport à la moyenne des quatre derniers hivers, mais les skieurs rentabilisent davantage leur forfait avec plus de descentes par visite. « Il faut qu’on recapitalise sur la confiance et les locaux. On est capable d’offrir un champ de neige. Que ce soit pour une journée ou quelques heures, on peut faire du très bon ski chez nous. Le forfait n’est pas cher. Les gens acceptent de faire 4h de route et de payer 60€. Le travail ingrat, on l’a fait. C’est un nouveau message à faire passer. La leçon qu’on tire c’est que quel que soit l’acteur économique, il faut qu’on soit proactif ». Sans direction, les équipes sont restées mobilisées dans la tempête. Une ère nouvelle devrait s’ouvrir avec l’arrivée du nouveau directeur du SMMO, Guillaume Thiériot.
« Les locaux sont les premiers consommateurs du territoire »
La station de Métabief est un des spots touristiques du Haut-Doubs. Mais il y a plusieurs micro-territoires sur ce secteur, impliquant des clientèles différentes au niveau touristique : familiale à Métabief avec également des randonneurs et vététistes, en lien avec les activités nautiques à Malbuisson. « À Pontarlier, 70% de la population locale vient pour du service à la population, ventes de billetterie. À Montbenoît, c’est lié à l’activité de l’Abbaye », détaille Aurélie Roy, directrice de l’office de tourisme (OT).
La structure doit aujourd’hui faire face à différents enjeux. « On ne peut plus tout miser sur l’hiver, ça ne veut pas dire qu’il faut l’abandonner. Il faut qu’on s’appuie sur la saison estivale et les intersaisons », estime Sébastien Populaire, président de l’OT. L’économie du tourisme se fait également de plus en plus en lien avec celle du loisir, « avec l’augmentation de la population liée à l’attractivité de la Suisse, qui fait qu’on aura une économie de loisirs plus prégnante », poursuit Aurélie Roy. « Le tourisme renvoie à l’idée que ce sont des gens qui viennent d’autres régions pour au moins y passer une nuit, mais on se rend compte que nos locaux, régionaux, départementaux, sont aussi de grands consommateurs des activités de loisirs qu’on peut retrouver dans le Haut-Doubs », explique le président. Les locaux sont d’ailleurs les « premiers ambassadeurs et consommateurs du territoire », confie Aurélie Roy.
Aujourd’hui, le Haut-Doubs parle dans un rayon de 2h. Pour avoir un rayonnement plus important, l’OT se tourne vers la marque de destination Montagnes du Jura. L’heure est désormais au développement d’un réseau entre les socio-professionnels pour relayer l’information touristique et se fédérer pour échanger par exemple autour des tensions sur les métiers en zone frontalière avec les difficultés de recrutement, ou les problématiques de logements pour les saisonniers. « Je crois qu’il y a un avenir dans le tourisme, mais il va falloir le transformer et s’adapter », souligne Sébastien Populaire, en référence au MasterPlan qui devrait bientôt démarrer.