La conférence animée par Mick Lévy, expert reconnu en Data/IA faisait écho au sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle les 10 et 11 février à Paris.
109 milliards d’euros investis par la France, 200 milliards par l’Europe
« La course à l’IA est loin d’être terminée » assurait Ursula Von der Leyen au sommet de Paris. Pourtant, « le retard pris face aux Etats-Unis et à la Chine sera difficile à combler » lui répondait Mick Lévy à Dijon. Ce spécialiste de l’IA interpelle sur les conséquences géopolitiques de l’IA. « Tous les acteurs se tiennent à la culotte ». Il illustre son propos avec deux exemples : si la fabrication des microprocesseurs de dernière génération est principalement faite à Taiwan, les machines aptes à fabriquer les puces les plus élaborées sont le fruit de ASML, une entreprise néerlandaise. Cette pépite européenne de la tech a réalisé un chiffre d’affaires de plus de 21 milliards d’euros en 2022 et un résultat net de 5,6 MD€. La production des puces à Taiwan dépend donc d’une entreprise basée à Veldhoven, proche de la frontière belge. Si Taiwan devait revenir sous la tutelle chinoise, l’Empire du Milieu pourrait y perdre un moyen de pression sur la fourniture des puces dans le monde entier. La France fait figure de Petit Poucet dans cette guerre commerciale dont elle est exclue. Il reste que dans les quelques 35 datacenters prévus sur le sol national, un site pourrait se trouver dans la région Bourgogne Franche-Comté.
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Simplifier le cadre réglementaire ?
Sur les 200 milliards d’euros investis en Europe, l’essentiel (150 MD€) proviendra de grands groupes industriels privés (L’Oréal, Mercedes, Spotify, Airbus…) et la plateforme d’IA française Mistral AI. Si l’objectif est de simplifier le cadre réglementaire, l’Union Européenne et plusieurs de ses dirigeants répètent l’importance d’une « gouvernance éthique » de l’IA, aux allures de régulation déjà jugée excessive notamment par le vice-président américain lors de son intervention au sommet de l’IA. James David Vane a mis en garde contre « la régulation excessive…qui pourrait tuer une industrie en devenir….il faut favoriser des règles internationales qui favorisent les technologies de l’IA et ne pas les étouffer ». À l’heure actuelle, 58 pays (sans les USA et le Royaume-Uni) ont signé une déclaration « pour une IA ouverte, inclusive et éthique ». Reste à définir concrètement les contours de cette intention.
Atténuer les craintes et maximiser les bénéfices de l’IA
A Dijon, François de Laportelière, directeur général de la Banque Populaire Bourgogne Franche-Comté, a rappelé que l’IA était utilisée au quotidien dans le monde bancaire. Chaque conseiller bancaire dispose de bases de données issues de l’IA pour évaluer la capacité d’une entreprise à investir ou d’un particulier à emprunter. Pour autant, souligne le patron de la BPBFC, « la relation humaine reste le fil rouge de nos métiers, l’Intelligence Artificielle n’étant qu’un outil supplémentaire dans la prise de décision ». Certains diagnostics médicaux sont obtenus plus sûrement grâce à l’IA. Mais, souligne Mick Lévy « des études menées sur ChatGPT ont démontré qu’à des questions simples n’autorisant qu’une seule réponse, la plateforme faisait 50% d’erreurs ! »
Des milliards de milliards de données
Les premiers super-calculateurs sont nés en 1956. L’Intelligence Artificielle ouverte date de 2022 avec l’accès grand public de Chat GPT (Open AI). Chaque message est découpé en « tokens » (mots, parties de mots, voire symboles de ponctuation). Il faut donc des calculateurs dotés de 10 000 puces d’IA de dernière génération, soit 4 fois plus que les data-centers actuels au niveau européen.
Les atouts français
20 milliards d’euros vont être investis dans ces nouvelles gigafactories traitant des milliards de milliards de données. Très gourmandes en énergie, elles consomment également beaucoup d’eau, en particulier pour les opérations de refroidissement des data-centers. A titre d’exemple, une seule requête à Chat GPT consomme un demi-litre d’eau (dont l’essentiel retourne à l’environnement). La France dispose de sérieux atouts pour accueillir ces méga datacenters. Elle dispose d’une énergie très largement décarbonée (électricité d’origine nucléaire), dont le coût est inférieur à l’électricité produite en énergies fossiles.
Avec les « Dialogues de la BPBFC », la banque régionale coopérative apporte des éléments de réponse aux questions existentielles que se posent les entreprises. Qu’il s’agisse du « leadership au féminin » récemment à la base de Luxeuil, la « transition écologique et solidaire » au château de Bournel ou une Masterclass à la Cité Internationale de la gastronomie, la banque dirigée par François de Laportelière remplit son rôle d’acteur économique aux côtés des entreprises.