Besançon. La rentrée du CHU, des équations compliquées à résoudre

Thierry Gamond-Rius a fait le point le 29 août sur une rentrée plutôt positive même en absence d’un ministre de la Santé

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Thierry Gamond-Rius, Directeur général du CHU de Besançon, a fait le point sur la rentrée 2024 le 28 août dernier ©YQ
L’après-Covid a permis de redéfinir de nouveaux objectifs. « En 2023, notre CHU a créé 200 postes supplémentaires. Nous comptons intégrer le même nombre de professionnels en 2024 en nous appuyant sur une campagne de recrutement plus agressive ».

Le Centre hospitalier de Besançon, certifié « Haute Qualité des Soins » comme 6 autres hôpitaux français, devrait attirer plus de personnels, en particulier en permettant d’ici fin 2025 la titularisation de 300 emplois précaires ou contractuels. Thierry Gamond-Rius veut s’engager à l’horizon 2026 à ce que chaque poste permanent soit titularisé au bout de six mois. « L’objectif est d’avoir envie de venir travailler au CHU de Besançon ».

Le Groupement Hospitalier Territorial, un élément d’attractivité

Les établissements hospitaliers du territoire sont tous situés à moins d’une heure du CHU. C’est une façon de mutualiser les moyens médicaux en faisant appel aux médecins du CHU. Par exemple, le centre hospitalier de Dole a pu ainsi perdurer en développant la chirurgie ambulatoire. Les hôpitaux de proximité ont ainsi une carte d’avenir à jouer.

Les urgences ont encore à gagner

Si l’été s’est globalement bien déroulé au service des urgences, malgré quelques tensions. « L’instauration d’un plan blanc n’a pas été nécessaire grâce à l’implication de tous les personnels » se félicite Thierry Gamond-Rius.

Il reste que ce service souffre de locaux inadaptés à la prise en charge des patients. Le Directeur du CHU souhaite agir fortement sur le traitement des personnes âgées. « Leur accueil n’est pas adapté. Nous devons repérer ces patients en amont avec la médecine de ville, éviter le recours aux urgences dans beaucoup de cas, mieux programmer les prises en charge par une meilleure collaboration avec les Ehpad ».

L’instauration des Services d’Accès aux Soins, plateforme de régulation du 15, devrait permettre de mieux orienter les patients et désengorger les urgences, en particulier pendant les périodes de vacances ou de fins de semaine quand les médecins de ville sont absents. « Pourquoi pas une maison médicale de médecins libéraux à proximité du CHU », ce serait une bonne réponse espère le directeur du CHU.

Il souhaite également tisser des liens plus étroits avec le médico-social et les structures de moyens séjours.

7 300 personnels dont plus de 2 000 soignants

Le CHU de Besançon est une grosse machine difficile à faire évoluer. Son évolution prend en compte les nouvelles technologies et nouvelles méthodes d’intervention. Il y a un an, le CHU manquait de 150 lits, faute de personnels. A la rentrée 2024 « le besoin est moins important. La reprise de l’activité se fait de plus en plus en ambulatoire ». C’est un atout dans la gestion de l’hôpital et plus de confort pour les patients.

40 lits ont été ouverts en gériatrie et cancérologie, c’est une belle amélioration. « L’accent devra être mis sur l’ouverture de 20 lits en médecine générale pour désengorger partiellement les urgences ».

Les internes sont les médecins de demain

La réforme du 2ème cycle des études de santé a pour conséquence la baisse d’une quarantaine d’internes en 6ème année à Besançon. Thierry Gamond-Rius souligne que cette réforme impacte tous les hôpitaux de France. « Nous devons faire en sorte d’attirer les meilleurs internes et surtout les inciter à rester en Franche-Comté. Ils sont les médecins libéraux de demain ».

680 millions de budget en 2023

Le budget de fonctionnement du CHU de Besançon est important. Le Directeur général veut diminuer de 50% le déficit de 20 millions d’euros, lié entre autres à l’augmentation des coûts de l’énergie et de l’inflation. Il souhaite également revoir le codage des certaines activités médicales pour augmenter les recettes provenant de l’assurance-maladie.

Le manque de parkings et le Bureau des Entrées, les Arlésiennes du CHU

Qu’il s’agisse du personnel du CHU ou des visiteurs, la saturation des parkings est un casse-tête. Le parking visiteurs va être ouvert au personnel, en particulier aux changements de service, des heures où le parking visiteurs a de nombreuses places vacantes. Le Directeur du CHU les estime à une centaine. Parkings de co-voiturage, abris et arceaux à vélos plus nombreux, Thierry Gamond-Rius compte aussi sur la prise en charge à 75% de l’abonnement transports en commun pour réduire les besoins de parkings.

Le Directeur du CHU de Besançon entend agir pour réduire les délais d’attente au Bureau des Entrées. Dans le plan d’actions, il y a bien entendu le développement des bornes automatiques, tout en précisant qu’une partie des patients est réfractaire à leur utilisation et qu’elles ne correspondent qu’à une partie des documents nécessaires à l’entrée à l’hôpital.

D’ici 2026, l’ensemble des services hospitaliers auront tous migrés à Jean Minjoz, y compris les services de psychiatrie encore à Saint Jacques. Le nouveau bâtiment sera opérationnel dans deux ans. Le site de l’Institut de Formation des Professionnels de Santé va ouvrir, comme le centre d’enseignement en soins dentaires. C’est tout le site des Hauts-du-Chazal, tourné vers la santé et la médecine de demain, qui va donner au CHU de Besançon les moyens d’attirer durablement les meilleures équipes médicales.

Yves Quemeneur