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Les jeunes qui entrent dans le cursus de l’École de Production n’ont, pour la plupart aucune qualification. La formation concrète au sein de l’École repose sur deux principes : le premier est accueillir des jeunes à partir de 15 ans qui, très rapidement, sont capables d’autonomie dans la conduite d’opérations d’usinage. Il s’agit d’une disposition exorbitante du droit du travail des mineurs permettant à des jeunes, souvent en décrochage scolaire, de trouver un projet d’avenir et un métier valorisant dans l’industrie.
Dans un second temps, l’École de Production de Besançon, émanation de l’UIMM (Industries de la Métallurgie et de la Mécanique), passe des contrats de sous-traitance avec des entreprises. Ainsi, les élèves sont immédiatement confrontés à l’exigence de « vrais » clients. Le travail concret trouve son aboutissement dans la qualité et les délais imposés par le client. Le site de Besançon a réalisé en 2024 un chiffre d’affaires de 170 K€, une part non négligeable du budget de formation de l’École de Production.
Un budget bien maîtrisé
L’école de production de Besançon tire son budget de l’État pour ¼, des subventions de la Région pour 22%, de l’Éducation Nationale pour ¼ et du chiffre d’affaires en production. Elle dispose également de conventions de mécénat avec la Fondation Total Énergies et le Crédit Agricole.
Éviter le décrochage scolaire
A la sortie du collège, certains enfants de 15 ans ne trouvent pas d’intérêt à l’enseignement académique. « Pour autant, ce sont des jeunes qui ont un potentiel dans un cadre différent et souvent plus concret. Ils manquent souvent de confiance en eux » souligne Christine Milhet la Directrice de l’École de Production de Besançon. Avec un programme assis sur 2/3 de pratique et 1/3 de théorie, ils sont encadrés par 5 maîtres venant de l’univers de l’industrie et 5 formateurs dans les matières générales.
Deux diplômes d’État
Les jeunes préparent à Besançon en deux ans un CAP « Conducteur d’installation de production » et un BAC Pro « Technicien en réalisation de produits mécaniques » (TRPM). Christine Milhet ne pousse pas systématiquement à la poursuite d’études. Un jeune peut trouver son épanouissement professionnel et personnel avec un CAP. « Je ne veux pas les emmener vers l’échec ».
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A l’inverse, le cas de Noam Tamine est exemplaire de l’intérêt de l’École de Production. Ce jeune bisontin a aujourd’hui 23 ans. Il a commencé par un CAP à l’EDP, a poursuivi par un BAC Pro puis enchaîné avec un BTS. Pourtant, à chaque étape, il voulait arrêter. Le cas de Sita Diara est aussi éloquent. Jeune Ivoirienne mineure non accompagnée, elle a passé son CAP et poursuit (maintenant majeure) une formation en BAC Pro. Autre exemple, celui de Rayane Berhane. Le jeune homme de 20 ans continue de chercher son orientation professionnelle. Bon technicien, il aimerait se diriger vers une formation de technico-commercial ou…entrer dans la gendarmerie. L’exemple d’une adaptation réussie en passant par l’école de Production de Besançon.
La réussite est au rendez-vous
« C’est leur motivation qui fait notre joie » assure Christine Milhet. En 2024, l’école a présenté 10 candidats à l’épreuve du CAP. 9 ont été diplômés. En BAC Pro TRPM, 7 diplômés sur 8 candidats. Le taux de réussite dépasse 85%. A la rentrée de janvier 2025, l’école de production de Besançon a accueilli 14 élèves en CAP et 7 en BAC Pro.
Des clients satisfaits
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Les entreprises qui confient une partie de leur sous-traitance à l’école de production, ne le font pas pour des raisons de coût (l’école respecte les prix du marché). Elles considèrent l’importance de leur rôle social. Seule particularité : les jeunes sont là pour apprendre et l’usinage des pièces se limite au 10e, voire au 100e, mais pas à l’échelle du micron.
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Christine Milhet ajoute « Au sein de l’école, nous avons la capacité machine et humaine pour augmenter notre production de 30% », un appel du pied aux industriels de la région.
Quelles solutions face à la désindustrialisation ?
Rémi Bastille, le Préfet du Doubs a été fortement intéressé par les explications de Damien Tournier, Président de l’UIMM du Doubs et Président de l’Ecole de Production de Besançon. « Nous devons continuer à travailler ensemble sur l’image de l’industrie et de la production de manière générale ». Rémi Bastille craint les effets de seuil de métiers qui ont, pour certains, disparu avec la disparition des usines dans les années 80. Le Préfet compare la situation de l’industrie à celle de l’agriculture. Quand les savoir-faire disparaissent, difficile de remonter la pente.
Pour autant, les entreprises industrielles se battent au quotidien pour retrouver un outil industriel performant. L’UIMM travaille sans relâche pour attirer jeunes et moins jeunes vers les métiers de l’industrie. L’école de production de Besançon en est un exemple.