« Au cœur de Lip ». Regards croisés sur un conflit contemporain
Les Archives départementales participent au 50ème anniversaire d’un conflit social qui a bouleversé les années 70 où l’utopie héritière de 68 s’est heurtée aux réalités économiques. L’exposition s’appuie sur les innombrables documents touchant au conflit Lip, conservés aux Archives. Elle complète également les documents du Musée du Temps, documents retrouvés lors de la fermeture de l’usine de Palente.
Le combat social
Les fonds très variés font la part belle aux souvenirs de l’année 1973, quand ouvrières et ouvriers en lutte se battaient pour conserver leur emploi et leur entreprise.
Les visiteurs sont ainsi invités à relire l’histoire des événements et le destin particulier de ces femmes et ces hommes voulant être maîtres de leur vie. La grande majorité des documents présentés dans l’exposition retracent un seul parcours, celui des « Paroissiens de Palente » mis en scène dans le roman de Maurice Clavel.
C’est le cœur du combat social et son héritage qui sont mis en avant grâce à une documentation issue des journaux de l’époque, de la position du pouvoir politique et des administrations, de la conscience et de la mémoire syndicale. Ce sont aussi des éléments de la vie quotidienne dans l’entreprise en lutte.
La fin d’un cycle
Le démarrage de cette exposition anniversaire coïncide avec le décès le 28 août dernier de Claude Neuschwander qui pilota la reprise de Lip entre 1974 et 1976. Celui qui fut proche d’Antoine Riboud et de Michel Rocard, connaissait bien Lip dont il était chargé de publicité chez Publicis avant d’en devenir peu de temps le secrétaire général. En 1976, le gouvernement lâche Lip « Ils ont assassiné Lip » dira Jean Charbonnel, ministre de l’industrie au moment du conflit.
A la demande d’Antoine Riboud, Claude Neuschwander tentera en vain de redresser l’entreprise, prise en tenaille entre les concurrents américains et japonais et contrainte d’honorer une dette de 6 millions de francs de l’époque auprès des fournisseurs de Lip.
L’affaire Lip n’est pas une épopée épique entre de « gentils syndicalistes » et des « patrons avides de profits ». L’histoire est plus complexe…Elle a aussi dégradé durablement l’intérêt des investisseurs industriels à s’implanter à Besançon, pourtant si riche de la qualité de ses ouvriers, techniciens et ingénieurs…mais c’est une autre histoire !
L’exposition présentée aux Archives départementales du Doubs permettra aux jeunes générations de comprendre et d’interpréter, au-delà de l’affaire Lip, l’histoire industrielle horlogère de Besançon depuis Laurent Mégevand, le genevois qui avait donné ses lettres de noblesse à l’industrie horlogère bisontine au XVIIIe siècle.
Yves Quemeneur
+Plus d’infos
Archives départementales du Doubs – 4 rue Marc Bloch – Besançon Planoise
Entrée libre sans réservation le lundi de 14h à 18h, du mardi au jeudi de 9h à 18h et le vendredi de 9h à 12h.