Maîche. La gestion municipale épinglée, le maire juge le rapport « sévère »

La Chambre régionale des comptes (CRC) de Bourgogne Franche-Comté a publié au mois de septembre son rapport d’observations définitives pour la commune de Maîche, depuis 2020. Le rapport dresse une situation financière « dégradée », une dette communale anormalement élevée, un groupe scolaire surévalué et plusieurs irrégularités administratives. Tout en assurant « mettre en œuvre les recommandations » faites par la CRC, le maire Régis Ligier dénonce une analyse « sévère ».

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mairie de Maîche

Comme de nombreuses communes centrales du territoire, la ville de Maîche a été passée au crible par la Chambre régionale des comptes. Un premier rapport d’observations définitives sur l’analyse financière de la commune depuis 2020 a été publié mi-septembre.

Pendant la période étudiée, la commune a vécu plusieurs difficultés, à commencer par l’inflation et l’incendie de ses ateliers municipaux, en 2023. Ce qui a fortement impacté le portefeuille municipal. La chambre souligne néanmoins qu’en écartant ces éléments « la capacité nette d’autofinancement est négative en 2022 et quasi nulle en 2023 ». Les charges de gestion de la commune « augmentent plus rapidement (+22%) que les produits (+13%) sur la période 2020 et 2023 ».

Une dette deux fois supérieure à la moyenne de la strate

Autre problème financier dans le rapport : l’encours de la dette. Si Maîche a remboursé un premier emprunt en 2024 alors que trois autres devraient être apurés en 2027, les comptes n’y sont toujours pas pour la CRC : « rapporté à la moyenne de la strate, l’encours de la dette de la commune devrait avoisiner les 3 millions d’euros, soit la moitié de l’encours prévisionnel 2026 ».

Le coût et la dimension du groupe scolaire

L’autre volet important de ce premier rapport est l’étude de la construction et du fonctionnement du Cercle Scolaire de la Franche Montagne. Un établissement unique en son genre sur le territoire, porté sur l’inclusivité avec notamment l’accueil de l’IME et de la SESSAD de la Fondation Pluriel, en plus du groupe scolaire public. Le coût du projet est de 12,9 millions d’euros, aménagements supplémentaires pour l’accès à l’établissement compris.

La CRC évoque un établissement « surdimensionné » au regard de l’évolution de la fréquentation de l’école primaire publique. Les effectifs ont baissé de 16% entre la rentrée 2019/2020 et celle de 2024/2025.

Enfin, la Chambre relève plusieurs problèmes au niveau des ressources humaines comme un régime indemnitaire « peu lisible », une organisation du temps de travail irrégulière ou encore le versement d’une prime de fin d’année « irrégulière ». Au total, la CRC a adressé sept recommandations à la commune de Maîche, pour régulariser et améliorer la situation.

Régis Ligier se défend face à un rapport « sévère »

Le conseil municipal a pris connaissance de ce rapport à l’été 2025 avant d’en débattre au mois de septembre. Deux mois plus tôt, la réponse du maire Régis Ligier à la Chambre régionale des comptes résumait la position tenue par la municipalité.

L’élu se défend et rappelle la « complexification des démarches administratives » auxquelles Maîche est confrontée. La période étudiée par la CRC est aussi marquée « par une succession d’événements de nature exceptionnelle ». L’inflation, les décisions gouvernementales imposées aux communes, la hausse du prix de l’énergie, la revalorisation du point d’indice des fonctionnaires, Régis Ligier liste dans son courrier l’ensemble des contraintes qui expliquent, selon lui, cette situation.

Le maire rappelle aussi l’abandon de la préfecture qui affirmait au moment de l’incendie des ateliers municipaux sa participation au rachat du matériel avant « de se rétracter ». Toujours selon l’élu, le groupe scolaire n’aurait pas été subventionné « à la hauteur de ce projet novateur ». « L’ARS n’a apporté aucun financement […] l’État a minoré son accompagnement… ». Il assure que le bâtiment a été construit sur le long terme et peut accueillir un potentiel futur regroupement d’écoles, initialement prévu. « Bien entendu, la commune a pris acte de l’ensemble des recommandations et s’attachera à les mettre en œuvre », écrit l’élu.