Plan des rivières comtoises : un premier état des lieux

Six mois après la signature du "Plan rivières karstiques", Jean-François Colombet, le préfet du Doubs, avait convié le 27 juin élus locaux, départementaux, régionaux et responsables d’administrations à faire le point sur les premières améliorations du milieu aquatique, l’état des rejets et des pollutions.

519
le 27 juin, autour de Christine Bouquin Présidente du Conseil départemental du Doubs et de Jean-Colombet, Préfet du département, tous les acteurs (administrations, agence de l'eau, collectivités, élus...) étaient au chevet de la santé des rivières comtoises ©YQ

Le plan signé en septembre 2022 vise à améliorer la qualité des eaux, particulièrement le Doubs et la Loue, en proie à une mortalité des poissons depuis une quinzaine d’années. L’objectif du plan « rivières karstiques » n’est pas de montrer du doigt telle ou telle activité mais bien de réunir autour de la table tous les acteurs (fromageries, agriculteurs, collectivités locales, industries) sur leur part de responsabilité dans la détérioration du milieu aquatique.

Tous les acteurs…ou presque !
Crédit photo : Sos Loue et Rivières Comtoises

Cette volonté de la préfecture de réunir « tous » les acteurs au cours d’une réunion s’est à nouveau fait sans la présence du collectif SOS Loue et Rivières comtoises, dont le travail a pourtant permis d’éveiller les consciences et indirectement changé certaines choses. La porte-parole du collectif Manon Silvant ne s’est pas privée de le faire remarquer dans un communiqué le 28 juin. SOS Loue et Rivières comtoises souligne toutefois « malgré l’état déplorable des rivières comtoises en ce mois de juin 2023, reconnaissons tout de même que les actions de l’Administration font des progrès…le non-respect des normes de rejets des laiteries-fromageries fait l’objet de procès-verbaux  suivis pas la Procureure adjointe…avec des pénalités notables ». L’association se félicite également de l’amélioration des rejets des stations d’épuration et proposait jeudi 6 juillet au cinéma des Beaux-Arts, l’avant-première du film « Algues Vertes » (voir article page Besançon) avec un débat auquel était aussi conviés tous les acteurs. L’occasion de se pencher sur ce fléau lié à l’industrie agro-alimentaire qui touche la Bretagne et de rappeler aussi que le Doubs et la Franche-Comté, sont loins (et heureusement !) de cette situation. Laurent Croizier avait fait le déplacement, tout comme certains élus de l’opposition au conseil départemental et l’ancienne ministre Dominique Voynet.

Les fromageries ne sont pas les seules coupables

Jean-François Colombet veut avancer vite toutefois sur la mise aux normes de toutes les fromageries. Sur les 95 fromageries du département, 5 n’étaient pas en conformité d’un point de vue administratif et 6 présentaient un impact négatif sur l’environnement. Sur l’ensemble des contrôles, il ne reste que deux établissements qui ont dû verser des astreintes à hauteur de 286 000 €. Claude Le Quere, vétérinaire et inspecteur général de santé publique le précise :  » nous allons réclamer la consignation indispensable aux investissements pour un montant de 1 million d’euros « . D’autres instructions sont en cours sur quatre autres fromageries présentant des rejets non-conformes.

Les stations d’épuration sont également montrées du doigt

Sur les 310 installations du département plus d’un tiers d’entre elles présentent des dysfonctionnements. Pire, certaines stations nouvellement construites ne sont pas approvisionnées normalement en eaux usées, les canalisations présentant souvent des fuites. On s’étonnera que l’administration et la justice soient plus promptes à imposer des contraintes aux fromageries qu’aux collectivités coupables de rejets polluants dans le milieu naturel. Sur les épandages en milieu vulnérable, neuf cas ont conduit à la diminution des aides PAC.

Le changement climatique en question

La dégradation de la qualité des eaux des rivières karstiques est multifactorielle. Elle se traduit notamment par des excès en nutriments dans les eaux. Les expertises démontrent que le changement climatique favorise le transfert des nutriments et de l’azote dans l’eau, nuisibles à la faune aquatique et à la biodiversité des rivières. À causes multifactorielles, les réponses le sont aussi. Les collectivités ont leur part de responsabilité et également chacun d’entre nous dans notre vie quotidienne. L’eau est un bien trop précieux pour ne montrer du doigt que certains responsables.

Le plan « rivières karstiques » voulu par le Préfet Colombet a au moins le mérite de présenter au bout de quelques mois quelques améliorations. Même les plus activistes défenseurs des rivières comtoises l’admettent. Et comme l’a souligné le Préfet en préambule de la présentation « Nous ne réglerons pas en quelques mois les manquements accumulés pendant 40 ans ».

Rivières et baignades : une application pour connaître la qualité écologique

Pour l’été, l’Agence de l’eau a actualisé ses données sur la qualité de l’eau des rivières en Bourgogne Franche-comté. Elles sont disponibles sur l’application gratuite « qualité rivière », sur smartphone, PC et tablette. Des données issues d’un dispositif de surveillance des milieux aquatiques qui permettent de connaître et l’état écologique des rivières et de la présence des poissons. L’application renseigne également en temps réel sur la qualité de l’eau des sites de baignade autorisés grâce aux données du ministère de la Santé. En tapant un code postal ou le nom de la commune, une carte interactive affiche la qualité de la rivière sélectionnée, de très bon état (couleur bleu) à «mauvais état» (rouge). Un picto « baigneur » est affiché sur chaque site de baignade autorisé avec des données sur la qualité sanitaire des eaux.

La qualité de l’eau des rivières est mesurée à l’aide de 11 paramètres. Les agences de l’eau assurent le suivi de la qualité des rivières grâce à un réseau de 12 000 stations de surveillance dont 2900 dans les bassins Rhône-Méditerranée et de Corse.

Y.Q et M.S