
Une journée de « travaux pratiques » au conseil régional
« Hier, nous avons débattu du budget primitif 2026 autour des grands principes. Aujourd’hui, nous allons parler d’efficacité et de travaux pratiques » avait souligné ce 12 décembre Jérôme Durain, le président de l’exécutif régional.
Règlement d’intervention concernant la DNC
Christian Morel, vice-président de la région en charge de l’agriculture, la viticulture et l’agro-alimentaire, « tout en mettant en avant la forte contagiosité de la maladie nécessitant des mesures radicales pour l’éradiquer » a souligné que « nous devons tous accompagner les éleveurs dans la dignité et leur adresser un message d’espoir ». Il a rappelé que le dépeuplement d’un troupeau va au-delà du drame humain et psychologique pour les éleveurs. « Ce sont des années de sélection et d’amélioration des races bovines qui sont détruites ».
300€ par bovin abattu
La Région, à l’exemple de la région Auvergne Rhône-Alpes, a proposé au vote une aide exceptionnelle de 300€ par bête abattue et de 400€ pour les jeunes agriculteurs. « Cette aide vient en complément des aides de l’État pour reconstituer les troupeaux et indemniser les pertes d’exploitation » a ajouté Christian Morel.

L’ensemble des groupes politiques a validé à l’unanimité cette proposition tout en demandant des aménagements dans le traitement de la maladie. Les élus du Rassemblement national se sont étonnés que le gouvernement ne généralise pas plus la vaccination. « Cette situation est liée à notre dépendance à des laboratoires étrangers pour la fabrication du vaccin et à l’absence de stocks tampons en France », lance Inès Martin (RN). Ils s’inquiètent du nombre insuffisant des vétérinaires empêchant l’établissement d’une quarantaine stricte.
De leur côté, les élus de la droite et du centre, par la voix de Jean-Marie Sermier, confirme le vote de son groupe : « vous avez été à la hauteur de la situation ». Solidaire des agriculteurs il s’inquiète « chaque matin, les éleveurs s’interrogent sur la pérennité de leur cheptel et le drame psychologique est important ». L’élu du Jura connaît bien la situation en ajoutant : « il y a bien sûr le coût de chaque bovin mais plus important, la difficulté à trouver des animaux de bonne qualité à vendre ». Le sénateur Jacques Grosperrin a, lui aussi, « salué la réactivité de la région, désolé de la polémique soulevée par le RN suite à la pose d’une gerbe Bleu Blanc Rouge par la députée Géraldine Grangier ».
Stéphanie Modde pour les Écologistes souhaite « un dialogue apaisé avec tous les acteurs », soulignant « que cette crise doit être appréhendée dans sa globalité. Elle doit interroger sur les effets du changement climatique et du choix de notre modèle d’agriculture et d’agro-écologie ».
Des déplacements passés sous les radars
« Je demande aux éleveurs la plus grande rigueur pour éviter les transports d’animaux…Nous savons comment la maladie se propage » a insisté Christian Morel. Toutefois, Nicolas Bongay, le Président de la Coordination rurale 25-90 l’avait souligné lors de la rencontre avec Annie Genevard à la Préfecture du Doubs. « La quasi-totalité des éleveurs a respecté les consignes strictes dans le déplacement des bovins dans les zones réglementées, mais le transport des équidés est resté libre ».
Christian Morel, Jean-Marie Sermier et Jacques Grosperrin ont découvert cet éventuel vecteur de contamination passé sous les radars de l’Administration. Le GDA, une association d’éleveurs le confirme « si les chevaux ne sont pas sensibles au virus de la DNC, il y a parfois une forte densité de stomoxes dans les boxes…et il existe un risque de transport de stomoxes potentiellement vecteurs de la DNC, d’une zone à l’autre, les chevaux se déplaçant souvent ». L’association recommande donc une limitation des mouvements d’équidés d’une zone réglementée vers d’autres zones. « Dans le Jura qui compte de nombreux centres équestres et un calendrier chargé de concours, des vans ont pu servir de transport à des insectes contaminants » a souligné Jean-Marie Sermier. La question d’une interdiction de déplacements des équidés peut se poser.
Des coopératives laitières impactées
Jean-Marie Sermier a attiré l’attention de l’Assemblée régionale sur les conséquences économiques pour l’aval de la filière. « A Ecleux, une partie des éleveurs concernés par la DNC sont adhérents d’une petite coopérative laitière qui a, de fait, perdu 50% de son activité. Je souhaiterais que la Région prenne en compte les effets pour l’ensemble de la filière ». Une demande qui sera prise en compte par la région dans le suivi de la crise, a assuré Christian Morel.
Les éleveurs de bovins de la région ont, en tout cas, permis de trouver le seul vote unanime de cette session budgétaire du conseil régional.
Yves Quemeneur





























