Il n’est guère d’homme politique qui ne soit, un jour ou l’autre, accusé de quelque
rodomontade.
La vie politique est semée d’embûches et elle expose aux critiques. De ceux qui sont
plus à gauche, de ceux qui sont plus à droite, de ceux qui pataugent en plein milieu.
Mais aucun ne perd de vue que prochainement s’ouvrira la succession.
Cette rodomontade est une belle occasion de se pencher sur la plaisante histoire des
mots.
La rodomone date de 1527. C’est l’utilisation, comme nom commun, du nom de
l’italien Rodomonte. C’était le roi d’Alger, un roi belliqueux et célèbre pour sa
bravoure. Hélas entachée d’un doigt d’arrogance et d’une louche d’insolence.
Autrement dit ce Rodomonte était un effronté plein de morgue. Morgue qui l’habitera
jusqu’à sa mort.
Je ne dis pas ça par jalousie ni par esprit de vengeance envers celui qui fut le chef
de l’armée sarrasine qui assiégea Charlemagne à Paris.
La rodomone de 1527 fut très vite remplacée, dès 1573, par son équivalent masculin
le rodomont car déjà à l’époque, on veillait à ne pas offenser la susceptibilité
féminine. Cette attention délicate ne devait jamais plus nous quitter…
Le rodomont italien fit long feu. Il fut remplacé dès 1630 par le matamore espagnol
de même sens mais avec une pratique du flamenco au déhanché plus sensuel que
la simple pizza.
Il nous resta les rodomontades. Datées de 1587 nous les utilisons encore aujourd’hui
faute de disposer de matamorades.
N’oubliez jamais ce conseil : il faut faire avec ce qu’on a.
Mais si vous êtes pris au dépourvu plutôt que de croupir dans le besoin avec une
vague tristesse dans le regard, il vous reste encore le fanfaron et ses fanfaronnades.
Par le Docteur Gérard Bouvier