Rubrique. Le Coin Lecture d’Isa : Divorce à la Française d’Éliette Abécassis

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Dans ce roman, l’autrice explore le divorce de manière chirurgicale et tisse avec brio le portrait d’un couple qui se déchire. Éditions Grasset. Il y a eu Un heureux évènement livre sur la maternité, bouleversant. Récemment il y a eu ce récit touchant, Un couple, sur cette vie traversée à deux. Qu’il s’agisse de la maternité, des rendez-vous manqués en amour, de la vie de couple qui passe ou du mariage qui trépasse, dans une époque qui est la nôtre, avec des personnages qui nous ressemblent, Eliette Abecassis donne à ses sujets une profondeur qui installe le lecteur face à soi. Dans Divorce à la française, 17 ans après la maternité c’est au divorce que s’attaque l’autrice.

Dans une société qui ne sait plus que faire de ces couples qui s’étripent, elle pointe du doigt l’impossible mission de la justice. Antoine est chirurgien, Margaux écrivaine de polars et leur divorce est un vrai casse-tête pour la juge et pour le lecteur. Comme beaucoup ils sont devenus amnésiques de leur amour passé. Les enfants qui servent d’alibi autour d’un couple qui se déchire vont devenir les spectateurs d’une lutte sans fin. Leur garde devient alors le sujet vénéneux et hautement sensible autour duquel se déchaînent les passions.

Un texte qui dissèque un procès impitoyable, une famille éclatée

Un roman choral que l’on ne lâche pas, l’autrice interroge tous les protagonistes de ce mariage avorté où chacun raconte sa version de l’histoire d’amour. Les ex-époux évidemment, mais également ceux qui ont joué un rôle actif auprès d’eux, amis, parents, collègues… On écoute les témoins défiler à la barre, chacun y déposant son point de vue. C’est vertigineux dans ce qui se joue, dans cette vision à 360 degrés des protagonistes.

Mais la loi est là pour veiller.

Alors Madame la Juge est-ce Margaux qui est folle à lier ou Antoine qui dissimule sa perversité ? Qui ment ? Jusqu’où votre sagacité opérera pour savoir à qui confier les enfants ? Et eux que ressentent-ils vraiment, petits pions sur l’échiquier du désamour ? L’autrice mène la danse de ce procès avec virtuosité. On écoute, on doute, on revient en arrière, on tente de faire jouer sa propre intuition pour faire tomber les masques où chacun est crédible et où pourtant tout se contredit. Et l’on s’aperçoit qu’il est bien difficile d’approcher la vérité là où les sentiments sont mis à l’épreuve.

Un thriller conjugal tout en tension qui se dévore, interroge et bouscule jusqu’à la dernière page.

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Par Isabelle Arnould