A l’heure où la défiance de la population envers le gouvernement et le monde politique de manière générale est très forte, le projet de loi sur le pouvoir d’achat est un véritable test. Durant les semaines qui ont suivi les élections législatives, Élisabeth Borne et son clan n’ont pas cessé de marteler : « gouverner c’est faire des compromis sans compromissions ».
Un argument répété par Bruno Le Maire ce lundi 18 juillet au moment de présenter le projet de loi comptant 20 articles (avec quelques mesures « d’urgence »), pour lesquels plus de 1000 amendements ont été étudiés jusqu’au 21 juillet. Parmi les mesures phares (ci-contre), la « Prime Macron » triplé, la revalorisation anticipée des pensions de retraites, la prolongation du bouclier tarifaire, une prime carburant travailleurs sous conditions de ressources ou encore le chèque alimentaire.
Un coût estimé à 20 milliards d’euros
Le ministre de l’économie s’est donc montré très ouvert à la discussion assurant « être prêt à modifier nos propositions si d’autres sont meilleures ». Avec néanmoins une condition : « pas de baisse irréversible des taxes sur les énergies fossiles ». Ce projet de loi en faveur du pouvoir d’achat coûterait 20 milliards d’euros, augmentant légèrement le niveau de dépense publique. « Le compromis ne s’achète pas à coups de milliards », résume Bruno Le Maire. Très vite dans l’hémicycle, les tensions sont montées.
La question de la hausse des salaires contre la Prime Macron
Face à ce projet de loi jonché de primes et de chèques (voir les propositions ci-contre), le gouvernement a tenté d’éviter la question de la hausse des salaires de plus en plus pressante. La NUPES par l’intermédiaire du député Adrien Quatennens a donc décidé d’en faire une question centrale au cours de cette première journée de débat, profitant de l’examen du premier article de la loi, consacré au triplement de la prime Macron dite « du partage de la valeur », soit une prime annuelle exceptionnelle défiscalisée et exonérée de cotisations sociales pour les entreprises qui la versent.
Le député du Nord a martelé l’importance d’augmenter les salaires en particulier pour les classes moyennes, celles où le foyer touche entre 2500 et 5000€ par mois. Il a aussi plaidé en faveur du SMICà 1500 € nets, « pour que tous les Français bénéficient d’une hausse réelle de leur pouvoir d’achat. […] Nous sommes là sur l’essentiel, le partage de la valeur. Ce ne sont pas des primes, ce sont des augmentations de salaires, offrir les conditions aux travailleurs d’une vie digne et de vivre de leur travail. »
Une attaque esquivée à l’image de la réponse d’Eric Woerth : « Les primes sont du pouvoir d’achat. C’est un projet de loi sur le pouvoir d’achat, pas sur les salaires. Il faudra des lois sur les salaires. Dans son opposition totale, la NUPES s’est montrée parfois excessive et contre-productrice à l’image de l’amendement pour renommer cette « Prime Macron » en « prime d’enfumage ».
De l’autre côté, Marine le Pen et le Rassemblement National sèment le flou. « Nous, députés du Rassemblement national, nous avons clairement entendu les Français. […] Ainsi, nous voterons l’essentiel des mesures que vous proposez. Mais nous les voterons en disant toute la vérité aux Français et en faisant des propositions concrètes pour améliorer le texte. […] Pourquoi refusez-vous toute mesure qui améliore les salaires alors que vivre de son travail est le fondement de notre société ? ».
Les députés enchaîneront avec l’examen du projet de budget rectificatif pour 2022, qui doit permettre de financer et compléter ces mesures. L’adoption définitive, à l’issue d’une navette avec le Sénat est programmée pour le 7 août.
M.S