En 2023, la Franche-Comté fêtera le 600ème anniversaire de la création de son université. Philippe le Bon, Duc de Bourgogne et Comte de Franche-Comté a en effet fondé à Dole ce qui était déjà une université commune au Duché et au Comté de Bourgogne. A sa création, elle comportait trois facultés (théologie, droit canon et droit civil et médecine). A la mort de Charles le Téméraire, Louis XI occupe le comté de Bourgogne (Franche-Comté) et Besançon. Le roi de France ordonne alors de transférer l’université de Franche-Comté de Dole à Besançon pour punir les dolois de l’humiliation subie en 1477, dont on retient l’échange entre assaillants français et assiégés comtois « Comtois, Rends-toi ! Nenni, ma foi ! » qui deviendra beaucoup plus tard la devise de la Franche-Comté. L’université retournera à Dole, capitale de la Comté jusqu’en 1691, date à laquelle Louis XIV décidera de transférer la capitale et son université à Besançon. Louis XIV, comme son aïeul Louis XI, en voulait encore de la résistance de Dole lors des guerres d’annexion de la Comté au trône de France.
L’université de Franche-Comté est l’une des dix plus anciennes universités françaises. S’y adjoindront les facultés de sciences et de lettres sous Napoléon pendant que le Droit s’installe dans la nouvelle université de Dijon fondée en 1722. Besançon attendra les années 60 pour retrouver sa faculté de Droit. Pendant tout le XVIIIème siècle, l’université de Besançon bénéficie du rayonnement de la ville et de la province. C’est à cette époque que Louis XV créera à Besançon une chaire de droit public, enseignement qui aura du mal à se mettre en place du fait de la résistance du corps professoral considérant la primauté du droit romain. Besançon est bien depuis 600 ans dans l’effervescence intellectuelle et scientifique : la « ville aux sept collines » où se côtoient trois pôles universitaires d’excellence, celui des Hauts du Chazal pour la santé, celui de la Bouloie pour les sciences et au cœur de la ville pour les sciences humaines.
En posant la première pierre de ce qui sera l’université du XXIème siècle à Besançon, il convient de ne pas oublier la citation célèbre de Sören Kierkegaard « La vie doit être vécue en regardant vers l’avenir, mais elle ne peut être comprise qu’en se retournant vers le passé ».
80 millions d’euros pour faire un campus d’excellence
La création de l’université de Bourgogne à Dijon en 1722 était déjà un « pied de nez » à Besançon, les enseignements théologiques et de droit étant transférés à Dijon. Depuis, les deux villes universitaires n’ont cessé de se concurrencer. Les travaux entrepris sur le campus de la Bouloie vont rééquilibrer le pôle bisontin. Une nouvelle ère s’ouvre pour l’université de Franche-Comté, déjà siège du CROUS de Bourgogne Franche-Comté et haut lieu d’enseignement des micros technologies avec l’ENSMM. Les partenaires publics (Grand Besançon Métropole, la région Bourgogne Franche-Comté, l’Université de Franche-Comté, le Crous BFC, la Ville de Besançon, la Technopole Temis, le département du Doubs et l’Etat) ont « ensemble » mobilisé 80 millions d’euros d’ici 2025 pour transformer le plus grand campus de Franche-Comté qui accueille plus de 10 000 étudiants. « Ensemble » n’est pas de trop pour expliquer la difficulté des contrats croisés entre partenaires dont l’enseignement supérieur n’est pas obligatoirement de leur compétence. Le principe de « co-construction » cher à la Maire de Besançon, prend tout son sens à la Bouloie.
« Vivre bien dans un campus nature ouvert sur la ville » a résumé Anne Vignot, Maire et Présidente de Grand Besançon Métropole. Elle répondait à Samira Flint, la vice-présidente étudiante du Crous Bourgogne Franche-Comté « Quand je suis arrivée à Besançon venant d’un petit village allemand, j’ai apprécié l’environnement naturel à proximité de la ville. J’y ai vu également un simple lieu de passage, sans vie. Aujourd’hui les étudiants veulent des lieux de rencontres, de culture partagée, un campus ouvert et solidaire ».
Dans le froid d’une journée d’hiver sans soleil, tous les partenaires ont, chacun à leur tour, posé les pièces d’un puzzle pour illustrer le début des travaux d’embellissement du campus.
Un campus « technopolitain » à haute qualité environnementale
Toutes les rénovations et constructions immobilières atteignent les meilleurs niveaux de performance énergétique. Le réseau de chaleur va être rénové et la production d’énergie solaire programmée sur certains bâtiments.
Le Jardin des Sciences et ses serres botaniques seront ouverts au public sur plus de 65 000 m² et 2,7 km de voies piétonnes et cyclables.
Innovation sociale, un nouveau lieu de vie étudiant accueillera une épicerie solidaire, des espaces associatifs et de convivialité. Innovation pédagogique, un learning centre intégrera une salle de réalité virtuelle et un Openlab. Innovation d’excellence, l’école d’ingénieurs en génie biomédical pourra doubler ses effectifs grâce à un nouveau bâtiment.
La Fabrike, jeune agence d’architecture bisontine avait déjà pensé le siège régional du Crous. Les architectes ont élaboré le nouveau lieu de vie étudiante et la Maison du sport qui seront livrés en 2023. Le lieu central de rassemblement, lien minéral entre les deux pôles d’éducation, est confié à Olivier Vadrot qui a proposé une œuvre en trois éléments : un grand cône de pierre de grès vert, un cercle de métal et un mât. Aligné là où tous les flux étudiants et enseignants convergent « il sert de repère et offre de nouveaux usages pour la rencontre et l’échange » selon l’artiste.
« Il n’y a pas de région forte sans université forte » assure Marie-Guite Dufay, la présidente de région.
Après 2025, c’est tout l’environnement de laboratoires publics et privés, d’entreprises technologiques pour l’industrie de demain qui prendra une nouvelle configuration, alliant la performance économique et la sobriété écologique. Le corridor vert qui reliera Temis à la Bouloie, la requalification des boulevards extérieurs et l’aménagement de la route de Gray participeront à l’écosystème bisontin qui transformera en profondeur la capitale comtoise à l’horizon 2030.