Donner plus de place aux femmes dans l’espace public
La capitale comtoise n’enregistre qu’une cinquantaine de rues ou d’espaces publics rendant hommage à une femme.
A l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes, Anne Vignot a voulu rendre hommage à Wangari Muta Maathai. La biologiste kenyane, docteur en anatomie vétérinaire, est surtout connue pour son combat contre la déforestation au Kenya, qui lui valut le Prix Nobel de la Paix en 2004 pour son combat en faveur de l’environnement.
Des enfants du collège Lumière de Besançon ont porté la voix de Wangari Muta Maathai, la première femme africaine à avoir reçu cette haute distinction.
Militante écologiste et féministe, le petit square à l’angle de la rue de Pontarlier et de la rue Sarrail porte désormais son nom.
Les hasards de l’Histoire
Trois personnages se donnent la main dans ce petit jardin ensoleillé. Le Général Sarrail qui fut un piètre militaire, avait de proches accointances avec les socialistes. Pendant la 1ère guerre mondiale, un moment limogé par Joffre, il commandera ensuite le corps expéditionnaire d’Orient. Officier général controversé à la compétence limitée (Wikipedia) le général Sarrail deviendra après la guerre Haut-Commissaire de la République française en Syrie. Il redressera de manière violente la révolte des Druzes, responsable de la mort de 10 000 civils syriens. Laïcard assumé et piètre stratège, le Général Sarrail peut s’enorgueillir de posséder nombre de rues en France comme celle de Besançon.
Wangari Muta Maathai fait face au mémorial consacré à Pierre-Joseph Proudhon. Le philosophe autodidacte, penseur du socialisme libertaire, est une figure « sacrée » à Besançon et pourtant…sa place est désormais anachronique face à celle qui fut une militante acharnée du féminisme en Afrique et dans le monde.
Celui qui est adulé à Besançon écrivait dans « la pornocratie ou les femmes dans les temps modernes » et conseillait aux femmes « Soyez donc ce qu’on demande de vous : douce, réservée, renfermée, dévouée, laborieuse, chaste, tempérante, vigilante, docile, modeste, et nous ne discuterons pas vos mérites… ». Pire il conclut, en quelque sorte, « Une femme qui exerce son intelligence devient laide, folle et guenon ».
Dorénavant, ces trois personnages sont chacun une face de l’Histoire sur l’herbe verte d’un quartier de Besançon. La preuve que rien n’est, ni tout blanc, ni tout noir dans l’Humanité.