Une détente bien fragile sur les crédits immobiliers

L’année 2023 a été morose pour les emprunteurs et les constructeurs, en particulier sur le second semestre. Alors que les besoins en logements n’ont jamais été aussi importants, les acquéreurs (et notamment les primo-accédants) peinent à financer leur achat immobilier

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Des taux de crédit qui ont doublé en un an

Selon la Banque de France, le taux d’intérêt moyen, hors frais et assurances, des nouveaux crédits à l’habitat a encore augmenté en janvier 2024 (4,17% contre 4,04% en décembre 2023). La banque centrale note toutefois un possible retournement.

La guerre commerciale est repartie entre les établissements bancaires

Les clients n’hésitent plus à mettre en concurrence les banques, quitte à en changer s’ils trouvent un produit plus intéressant. Cette concurrence pourrait être profitable aux emprunteurs.

La Société Générale a récemment baissé ses taux à 3,95% sur 20 ans pour les meilleurs profils d’emprunteurs.

De son côté, la Banque Populaire de Bourgogne Franche-Comté, tente de mieux accompagner ses clients. Aujourd’hui, le taux moyen sur 20 ans est de 4,22%.

La banque mutualiste a mis en place en Janvier dernier, un prêt à taux zéro bonifié pour les primo-accédants de moins de 35 ans. Il peut doublier le PTZ jusqu’à 25 000€ à 0% incluant la gratuité des frais de dossier.

Selon le profil des emprunteurs, certains organismes financiers admettent aller au-delà des barèmes. Tous sont attentifs aux propositions de leurs concurrents, d’autant que les OAT (Obligations Assimilables du Trésor) sont en baisse. L’OAT 10 ans est l’indicateur des taux d’emprunt de l’Etat, un indice de référence pour la fixation des taux de crédit par les banques.

L’encours de crédit en légère progression

Par rapport à janvier 2023, l’encours de crédits à l’habitat pour les ménages a progressé de 0,8%, soit une hausse supérieure à la moyenne de la zone euro (+0,5%). Le montant des crédits accordés s’établit à 7,6 milliards d’euros hors renégociations (source Infostat Banque de France – Janvier 2024). Ces données prennent en compte des crédits signés en janvier mais négociés fin 2023. La reprise actuelle n’est donc pas encore perceptible, précise la Banque de France.

Les professionnels de l’immobilier encore très prudents

Sur les programmes neufs, les promoteurs immobiliers rencontrent toujours des difficultés à boucler les dossiers de financement, notamment pour les primo-accédants. Pour demeurer compétitifs, ils doivent rogner leurs marges après les augmentations importantes des coûts de production. En Franche-Comté, ils restent modérément optimistes du fait de la raréfaction des offres.

« Dans l’ancien, les projets sont difficiles à ficeler sans un apport conséquent », souligne une agence immobilière de Besançon. « Nous ne constatons pas une baisse des taux, tout juste une stabilité ».

Pas de baisse des prix

Les emprunteurs ne devraient pas bénéficier d’un effondrement des prix de l’immobilier, tout du moins dans les territoires tendus de Franche-Comté. La demande de logements reste bien orientée du fait du dynamisme économique de la région.

Enfin, la relative détente constatée sur les taux d’emprunt immobilier, permet aux banques commerciales de reconstituer en partie leurs marges et donc relancer leurs offres de prêts.

L’immobilier, vigie de l’économie

Avec un taux de chômage de 5,7% sur le bassin d’emploi de Besançon, de 6,7% dans le département du Doubs, de 5,4% dans le Jura, on est bien loin des 3,8% de taux de chômage dans le canton du Jura Suisse ! Il reste que les entreprises franc-comtoises peinent à recruter. Parmi les freins à l’emploi, le logement et la mobilité sont des éléments majeurs, ce qui devrait maintenir un certain dynamisme dans le secteur de l’immobilier.

Yves Quemeneur