Invité de la rédaction. Christophe Aubert, directeur du conservatoire d’espaces naturels de Franche-Comté

Alors que les traditionnels chantiers d’automne des Conservatoires d’espaces naturels vont animer de nombreuses communes en Franche-Comté, le responsable du CEN explique les objectifs et moyens d’action de cette association très active qui compte 40 salariés en Franche-Comté.

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Qu’est-ce qu’un espace naturel ?

Bien qu’on qualifie certains espaces de naturels, il serait plus juste de les appeler espaces semi-naturels. En effet, dans nos régions, tous les milieux et paysages ont été influencés par les activités humaines qui se sont succédé, essentiellement agricoles et forestières, et qui ont fait évoluer la présence des espèces de faune et de flore, les habitats, la qualité des sols, la présence de l’eau… Au final, on parle alors d’espaces naturels lorsqu’en fonction de la situation, du sol, du climat et des pratiques humaines, le site garde une grande part de naturalité et la végétation peut s’exprimer différemment sous forme de forêts, de prairies, de pelouses, de landes, d’étangs, de marais… À chacun de ces milieux correspond alors un cortège d’animaux et de végétaux, parfois rares et menacés.

Quels sont les objectifs du conservatoire ?

En fonction des contextes, notre objectif est d’accroître le potentiel « biodiversité et paysage » d’un site et cela peut signifier restaurer un milieu perturbé sur lequel la biodiversité s’est appauvrie, entretenir un espace encore de haute qualité ou laisser complètement faire la nature sans intervention. La gestion d’un espace naturel est effectivement un projet qui s’ancre sur le long terme et qui passe donc par des phases de compréhension, de concertation et de planification avec les acteurs du territoire ; le dialogue local est ainsi le garant de la réussite. C’est dans l’ADN des 24 Conservatoires d’espaces naturels de France, comme celui de Franche-Comté, qui gère pas moins de 175 sites et intervient sur près d‘une commune sur dix des quatre départements franc-comtois .

De quels outils disposez-vous pour préserver la biodiversité ?

Principalement la maîtrise foncière et d’usage, développée avec l’accord des propriétaires publics et privés, et qui devient un pilier de la préservation des milieux naturels. Elle complète les éventuelles mesures de protection réglementaires et favorise un dialogue et un engagement à long terme en matière de restauration et d’entretien d’espaces naturels. Il existe d’ailleurs plusieurs outils pour faciliter ou s’assurer de la maîtrise du foncier : acquisition des parcelles, contractualisation avec le propriétaire, bail, obligation réelle environnementale…

Parlez-nous du programme européen LIFE Climat tourbières du Jura pour lequel vous êtes en première ligne ?

L’objectif est de réhabiliter des tourbières dégradées afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre qu’elles émettent du fait du grand nombre de perturbations qu’elles ont subies au fil du temps, drainage ou extraction de tourbe par exemple. Cela a engendré un abaissement de leurs nappes phréatiques alors qu’elles jouent un rôle de rétention ou relargage de l’eau, contribuant ainsi à la régulation et la filtration des eaux. Ces écosystèmes, ayant stocké du carbone pendant plusieurs milliers d’années, peuvent alors devenir des émetteurs de carbone, contribuant ainsi au changement climatique ; il est donc indispensable d’y conduire des opérations de réhabilitation.

Comme chaque automne, vous proposez des chantiers d’automne. De quoi s’agit-il ?

C’est une vaste campagne de sensibilisation à l’entretien et à la préservation des milieux naturels. La période automnale est un moment privilégié pour donner un coup de main à la nature qui entre en dormance. Des petits travaux aux chantiers plus importants, ce sont autant d’interventions en faveur de la qualité de nos milieux naturels et de nos paysages. L’objectif est aussi de sensibiliser et d’inciter un large public à agir concrètement en faveur de la nature : débroussailler, élaguer, faucher, nettoyer, entretenir des aménagements…

Quelques exemples dans le département du Doubs ?

Samedi 19 octobre à Liesle, pour préserver l’habitat du lézard vert et la laineuse du prunellier, deux espèces emblématiques de la pelouse sèche de Sur Roche, il faudra débroussailler les lieux.  Du mardi 22 au vendredi 25 octobre à Cléron et Chassagne-Saint-Denis se déroulera le Chantier d’automne Ados, trois jours de travaux d’entretien dans la Réserve naturelle du ravin de Valbois dans la joie et la bonne humeur ! Ou encore samedi 9 novembre à Charquemont un chantier se déroulera aux Échelles de la mort pour entretenir une pelouse sèche et préserver certaines espèces comme l’orchis brûlé.