L’Intelligence Artificielle (IA) offre des avantages indéniables mais les machines n’ont pas de capacité d’empathie. Est-ce à dire que l’humanité ne doit pas craindre l’IA ? La question mérite d’être posée. En particulier sur la capacité au sens critique. Une étude publiée le 3 janvier 2025 dans la revue britannique Societes, analyse les réponses de 650 personnes âgées de plus de 17 ans. Selon Michael Gerlich, auteur de l’étude et chercheur à la Swiss Business School, « les jeunes participants, utilisateurs des outils d’IA, affichent une réflexion critique inférieure à celle de leurs aînés ». Il s’agit donc d’une question essentielle : les nouvelles générations vont-elles développer leur propre capacité d’analyse et de réflexion critique ou vont-elles se référer uniquement aux réponses générées par les algorithmes ? L’apprentissage repose essentiellement sur l’effort intellectuel des individus, leur réflexion et leur raisonnement personnel, toutes des compétences humaines fondamentales. Pour les experts de l’enseignement numérique, l’éducation doit intégrer l’IA comme un outil d’apprentissage, à condition d’enseigner aux élèves et aux étudiants la vérification des informations, le croisement des sources afin de développer leur propre analyse. Lors de la conférence organisée par la BPBFC sur l’IA, Mick Lévy notait que « l’Intelligence Artificielle peut faire 50% d’erreurs dans des réponses à des questions simples ». Rassurant ?
Les nouvelles machines vont-elles nous surpasser ?
La puissance vertigineuse des nouveaux data centers capables de traiter des milliards de données deviennent indispensables à l’humanité. C’est déjà le cas dans la santé, le monde bancaire et financier et dans l’industrie.
Les machines risquent de reléguer à terme l’humanité à un rôle secondaire. L’importance de l’IA dans « le quotidien du monde » impose que les data centers se développent encore et encore, et puissent interagir entre eux pour éviter des pannes gigantesques. Sans faire de science-fiction, ces interactions entre les machines et leurs capacités potentielles de raisonnement peuvent faire craindre que les machines prennent le pouvoir sur l’Homme. Alors le danger est réel. Dans les conflits humains, entre états ou entre individus, l’être humain dispose d’un outil de régulation unique : la peur. Les machines n’ont ni empathie, ni peur. Si elles devaient au final prendre le contrôle de la planète, c’en serait fini de l’humanité !
A ne pas y réfléchir, le risque est également considérable de creuser un fossé infranchissable entre une petite élite mondiale éduquée, formée, disposant d’une capacité de raisonnement et de réflexion et la masse des gueux composée de 90% des 10 milliards d’individus à l’horizon 2050 ! Sauf qu’à terme, les élites d’aujourd’hui deviendront les gueux des machines qu’ils auront élaborées.
Les petites mains de l’IA pourraient nous sauver
L’Intelligence Artificielle sera capable d’accomplir toutes les tâches humaines mieux que les humains d’ici 2050. Pourtant, pour remplacer l’humain, il faut une armée d’humains, travailleurs de l’ombre dans les pays à faible coût de main d’œuvre, qui construisent l’avenir « clic après clic ». Ces annotateurs kenyans, malgaches…apprennent aux machines à reconnaître un panneau de signalisation pour une voiture autonome, à savoir identifier un visage sur votre smartphone ou à intégrer 6 jours sur 7 et 12 heures par jour, des vidéos trash. Sans ces petites mains, l’Intelligence Artificielle ne resterait qu’un scénario de science-fiction.
A chaque fois que vous ouvrez votre smartphone, pensez qu’une seule requête sur ChatGPT ou LeChat Mistral, consomme un demi-litre d’eau, a besoin de térawatts d’énergie et utilise des dizaines de milliers de petites mains dans le monde entier. Si la femme est l’avenir de l’homme, l’Intelligence Artificielle ne doit pas être l’avenir de l’humanité.