Chez Marius, la boucherie – charcuterie installée au centre-ville d’Ornans, la file d’attente s’allonge à l’approche de midi. « Dites, ça n’arrête plus… une vraie star », glisse une cliente à Anthony Chevènement, le gérant. Si l’étal de la boutique est prisé, la nouvelle star en question est Agathe Grosjean. À 16 ans, elle se prépare à représenter la Franche-Comté à l’occasion de la 54e édition du Concours National des Meilleurs Apprentis de France (MAF) Charcutiers-Traiteurs. La finale met à l’honneur l’excellence des jeunes talents et se déroule du 22 au 24 mars 2025, au Centre d’Excellence des professions culinaires (CEPROC) à Paris.
Rien de tout cela ne semble perturber la jeune femme, toujours souriante et détendue. Les mains lavées et à peine séchées, l’étudiante sort de son laboratoire pour répondre à quelques questions. Depuis sa victoire au concours régional, c’est une routine. « J’ai découvert ce métier pendant un stage de 3e et j’ai tout de suite accroché. À l’époque, je ne pensais pas du tout à ça, je visais plutôt de longues études en architecture par exemple », explique l’intéressée. Chez Marius, l’apprentie trouve une ambiance et un savoir-faire qui lui donnent envie de revenir. Le retour sur les bancs de l’école provoque un déclic : « je voulais retourner travailler et faire ce métier », confie Agathe Grosjean, originaire de Montrond-le-Château. Au CFA Hilaire de Chardonnet, l’étudiante apprend vite et bien, au point de tenter le concours MAF dès sa deuxième année d’apprentissage. « Mon patron m’en a parlé, il l’a passé en 2016. J’ai été retenue par mon professeur au CFA et le concours régional s’est déroulé en novembre 2024 ».
« Ce métier est super créatif »
Une première étape réussie avec brio où Agathe Grosjean s’est appliquée à préparer trois spécialités françaises en 48h : une terrine grand-mère, une tourte à base de cochon et fruits secs et des saucissons cuits de canard et de porc. « Le jury vérifie tout notre travail jusqu’à l’hygiène, le nettoyage. L’aspect visuel et le goût sont aussi très importants ». La Franc-Comtoise devra confectionner les mêmes plats au CEPROC à Paris du 22 au 24 mars. « C’est la même chose mais avec plus de spectateurs, plus d’observateurs et plus de pression. C’est un peu stressant », sourit Agathe Grosjean. « Pour réussir, il faut de bons produits et après ce sont les secrets de la recette qui font la différence, mais je n’en dirai pas plus ! », poursuit l’intéressée qui adore « improviser ». « S’il y a des codes et traditions à respecter, on peut aussi s’éclater dans ce métier, c’est super créatif ! »
À Paris, c’est également l’occasion pour elle de découvrir son futur établissement. L’an prochain, l’apprentie sera toujours Chez Marius et débutera son brevet professionnel de charcutier-traiteur au CEPROC. « J’aimerais avoir ma boutique plus tard et voir plus loin que la boucherie-charcuterie. Ce serait intéressant d’avoir en plus un espace pâtisserie par exemple ». Décrocher le titre de meilleure apprentie de France 2025 en boucherie-charcuterie serait un atout considérable dans cette quête. Il y a 9 ans, son patron Anthony Chevenement avait terminé 2e de cette finale. L’apprentie Agathe Grosjean espère bien dépasser son maître.
M.S