Haut-Doubs. Une loi Duplomb « équilibrée entre les impératifs agricoles et l’environnement » pour Annie Genevard, ministre de l’Agriculture

Annie Genevard, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire était présente à Pontarlier ce 23 mai pour décorer le maire Patrick Genre de la médaille de chevalier de l’Ordre National du Mérite. L’occasion pour Hebdo25 de revenir sur ses nouvelles responsabilités, après avoir été maire de Morteau, conseillère régionale de Franche-Comté puis députée du Doubs.

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Annie Genevard, ministre de l’Agriculture
Annie Genevard, ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire ©Cassandra Tempesta

Le Haut-Doubs est un territoire bien connu d’Annie Genevard. Professeure certifiée de Lettres classiques, elle est adjointe au maire de Morteau de 1995 à 2002, avant de devenir maire de 2002 à 2020. Elle continue de s’impliquer dans son secteur en étant élue conseillère régionale de Franche-Comté avant de devenir députée de la 5e circonscription du Doubs en 2012. En 2024, elle est nommée ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt dans le gouvernement de Michel Barnier, reconduite sous François Bayrou, sans la Forêt. 


« C’est pour moi une responsabilité qui arrive après un engagement pour le territoire rural, l’agriculture, les habitants du Haut-Doubs donc il y a une sorte de continuité que je vis avec un grand bonheur et un engagement qui a pour moi beaucoup de sens. J’ai toujours, depuis que je suis élue, beaucoup travaillé avec le monde agricole. Je l’ai beaucoup accompagné dans ses combats, ses revendications, ses attentes. Aujourd’hui comme ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, je suis du côté de la décision. C’est quelque chose qui est formidable. C’est une immense fierté et un grand bonheur malgré les exigences de la fonction qui sont grandes, malgré les difficultés que je rencontre sur le terrain quand je vois des agriculteurs qui sont dans la peine, qui manquent / ont trop d’eau, dont les rendements de production baissent ou dont les cheptels sont attaqués par des maladies. Je vois des hommes et des femmes courageux, engagés dans leur métier, le plus beau des métiers qui est de nourrir la population, soucieux de bien faire leur travail.  Franchement, les accompagner a énormément de sens pour moi. C’est le bilan d’étape que je tire de ces premiers mois de fonction comme ministre de l’Agriculture ». 

Une loi qui crée la controverse

Un premier bilan marqué par la proposition de la loi Duplomb qui ne fait pas l’unanimité. Elle vise à « lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur », selon Laurent Duplomb, porteur du texte. Concrètement, cette loi propose de faciliter le stockage de l’eau pour l’irrigation des cultures et l’agrandissement des bâtiments d’élevage. Mais le point qui fait le plus polémique concerne la possibilité de déroger pour trois ans à l’interdiction d’utiliser l’acétamipride sous certaines conditions. Ce pesticide fait partie de la famille des néonicotinoïdes et est toxique pour les pollinisateurs. Interdit en France depuis 2018, son retour est décrié par les apiculteurs et défenseurs de l’environnement, mais réclamé par les filières de la betterave ou de la noisette. 

« C’est une substance qui a été interdite par les parlementaires, non pas par les scientifiques. Elle est autorisée partout en Europe », se défend Annie Genevard, qui, dans ces débats, comprend « qu’on a trop tendance à opposer agriculture et environnement. L’un marche avec l’autre. C’est ce chemin de crête qu’il faut trouver. Les agriculteurs travaillent avec le vivant, la nature, ils la respectent. Ils sont souvent incompris, méconnus dans leur façon de travailler. C’est une loi que j’ai travaillée avec ma collègue ministre de la Transition écologique. Elle est équilibrée justement entre les impératifs agricoles et ceux de l’environnement. Je regrette que les groupes des Écologistes et de La France Insoumise ont déposé des milliers d’amendements (près de 3500, ndlr) pour faire obstruction à l’adoption, au vote même du texte. Ils peuvent voter contre mais ils veulent empêcher qu’on aille jusqu’au vote du texte et ça, c’est franchement irresponsable et profondément choquant »

Partout en France, les agriculteurs se sont mobilisés ce 26 mai, jour où cette loi devait être débattue à l’Assemblée nationale. 274 députés, partisans du texte, ont voté une motion de rejet, renvoyant directement le texte devant une commission mixte paritaire, permettant de contrer les nombreux amendements. Sept députés et sept sénateurs vont tenter d’élaborer une version commune. En cas d’accord, celui-ci fera l’objet d’un vote dans chaque chambre, sans pouvoir être modifié par des amendements.