Invitée de la rédaction. Alexandra Duvergne, responsable de la formation aux premiers secours à la Croix-Rouge du Doubs

Sauver des vies, c’est l’objectif des quelques gestes que trop peu de français encore sont capables de pratiquer. Il est temps d’y remédier, d’autant plus que la Croix-Rouge en facilite l’apprentissage.

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Où en est la France en matière de premiers secours ?

Seulement 40% des français sont formés, un chiffre nettement insuffisant au regard de l’objectif à atteindre de 80% de la population capable de prodiguer des premiers secours comme c’est le cas dans des pays comme la Norvège et le Danemark. C’était une promesse faite par le Président de la République il y a quelques années mais malheureusement à ce jour rien n’a concrètement été mis en place pour y parvenir. C’est un choix politique, de société même, encore faut-il s’en donner les moyens pour y parvenir.

Comment peut-on améliorer cette situation ?

Il faut réussir à toucher un public plus large, en formant plus par exemple en milieu scolaire. Aujourd’hui, tout se fait sur la base du volontariat, il n’y a pas d’obligation de connaitre les gestes qui sauvent. On n’atteindra jamais le niveau des pays cités en exemple en conservant cette approche. Dans les écoles par exemple, il faudrait que ce soit pris sur le temps des cours et que globalement les premiers secours fassent partie d’un package général obligatoire du citoyen. Pourquoi pas aussi l’inclure dans l’examen du permis de conduire.

On parle souvent de premier maillon de la chaine. Est-ce si important ?

Le citoyen est en effet le premier maillon de la chaîne de secours et doit à ce titre acquérir les bons réflexes car il peut sauver des vies. C’est d’autant plus vrai que depuis 2014, le délai moyen d’intervention des secours augmente régulièrement. C’est ce que souligne le rapport sur la résilience publié par la Croix-Rouge française « Crises, sommes-nous prêts à les affronter ? »

Accidents de la vie courante, accidents de la route, arrêts cardiaques, catastrophes naturelles… Chaque citoyen peut être confronté à une situation d’urgence. Il est donc le premier témoin et donc le premier à pouvoir intervenir en attendant l’arrivée des secours. Il faut prendre conscience de ce rôle primordial afin d’augmenter les chances de survie du plus grand nombre. L’apprentissage des gestes de premiers secours est à la portée de tous, même des plus jeunes, pour acquérir très tôt ces bons réflexes.

Ces gestes de premiers secours, quels sont-ils exactement ?

Il est important de savoir d’abord protéger et sécuriser les lieux et les victimes pour attendre en toute sécurité les secouristes que l’on aura alertés avec un message clair. Il s’agit ensuite selon le situations auxquelles on peut être confronté de faire face à une obstruction des voies aériennes, à une hémorragie, à réagir en présence d’une personne inconsciente, qui est en arrêt respiratoire, ou encore de savoir quels gestes adopter en cas de brûlures et traumatismes. La formation permet de dédramatiser ces situations, sachant également qu’en donnant l’alerte, l’interlocuteur au bout du fil, un professionnel de l’urgence, saura rassurer, conseiller et accompagner ce premier maillon de la chaine des secours

Quels types de formations proposez-vous à la Croix-Rouge ?

Il y a bien sûr le programme de PSC1 (Prévention et secours civique de niveau 1) que nous pouvons proposer comme tous les acteurs de la sécurité civile le font. Le coût de la formation de 8 heures est de 60€ et même moins cher pour les chômeurs et étudiants. Pour s’adapter aux nouveaux modes de vie, la Croix-Rouge développe régulièrement des solutions numériques permettant de sensibiliser le plus grand nombre à cette nécessité de se former et de toucher de nouveaux publics. Par exemple, une étude que nous avions commandée, « Les français et les gestes sauvent » a fait apparaître que près de 20% des personnes interrogées ne se forment pas par manque de temps et que le coût représente un frein pour 71%. La Croix-Rouge française a donc conçu une nouvelle formation certifiante e-PSC1 hybride alliant la théorie en distanciel, et permettant ainsi d’aménager son temps d’apprentissage, à la pratique, avec une seule demi-journée de formation en présentiel. Elle permet aussi de diminuer le coût de la formation.

Il existe également d’autres solutions, à moindre coût ?

Oui, avec la formation condensée IPS (Initiation aux Premiers Secours) qui permet d’initier sur une courte durée, 2 heures pour 10€, aux gestes de base de premiers secours, notamment en sensibilisant à la prise en charge de l’urgence cardiaque et de se familiariser à l’utilisation des défibrillateurs. La formation GQS (Gestes qui sauvent) est quant à elle une initiation de deux heures également, reconnue par l’État et diplômante pour 20€.

Enfin, la formation IPSEN (Initiation aux Premiers Secours Enfants et Nourrissons) sensibilise les participants à la prévention des accidents domestiques et de la vie courante et propose un apprentissage des gestes spécialement adaptés à la protection et au secours des enfants et nourrissons. Elle est d’une durée de quatre heures pour un coût de 35€ et s’adresse particulièrement aux jeunes, futurs parents ou grands-parents, mais aussi à toutes les personnes ayant une activité avec des enfants ou des nourrissons.