Chaque nouvelle année renait l’expression surannée :
« Au Gui l’an neuf ! ». Le gui suce l’arbre qui l’héberge et ses fruits toxiques se déguisent en fleurs quand hiver nous rattrape. La tradition veut que s’embrasser sous le gui promette des émotions positives pour l’année qui vient. Bien sûr, les traditions n’offrent aucune garantie ni ticket de caisse et il a pu arriver divers désen- chantements dont il ne serait pas festif de dresser la liste ici. Et quand bien même, cette rubrique n’y suffirait pas.
La tradition nous vient des druides gaulois, aujourd’hui pour la plupart disparus mais dont on retrouve de rares exemplaires dans les sectes de l’Ardèche profonde en moyenne altitude et loin des sentiers battus. Les druides étaient vieux et barbus dès leur plus jeune âge et ils adoraient mettre l’ambiance.
Ces langoureuses prises de bec sous le gui, bien antérieures au SIDA et au Covid, servaient à cette époque de mise en bouche pour préparer la suite qui parfois était carrément nuptiale. Ces roucoulades, souvent baveuses comme une omelette, étaient sou- tenues faute de pick-up par le chant des bardes, sorte de caste mais beaucoup plus bruyante qu’une castagne ordinaire. Ils s’accompagnaient de percussions, de cuivres. De nickel pour les plus pauvres. Mais aussi de flûtes, de harpes et bien sûr de la lyre. Ne me demandez pas s’ils utilisaient le tambour … je n’en ai pas la moindre idée. Au quatrième siècle, les Chrétiens voulurent faire taire cette tradition païenne. Ils remplacèrent le gui par le houx qui avait le mérite d’évoquer par ses feuilles piquantes la couronne du Christ. Cela fit polémique. On décida que le houx ferait Noël et que le gui ferait l’an neuf. S’en suivi de longues années de bonheur consensuel. Je vous souhaite d’en vivre la suite en 2024.
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Docteur Gérard Bouvier